En 1893, lors des grèves de mineurs, la fosse Saint-René passait pour bien calme et docile. D'après l'Écho de Paris du 22 septembre 1893

Voici l'Écho de Paris du 22 septembre 1893 qui rend compte des grèves de mineurs dans le Nord 

Dans le Nord 

Douai, 20 septembre. 

La descente est toujours presque complètement nulle dans le bassin de l'Escarpelle. Ce matin, vers cinq heures, un groupe d'individus postés près du passage à niveau de Marais-Warendin ont empêché d'aller au travail des ouvriers et des femmes employés au jour. Un des ouvriers du jour a reçu sur la tête un coup de bâton qui ne l'a que contusionné. Dans le bassin d'Aniche, division de Douai, le nombre des grévistes a augmenté d'environ 300 ; il atteint le chiffre de 916 sur 1,028 ouvriers. Mais l'une des fosses, celle de Guesnain, travaille toujours. Dans la division d'Aniche le chômage est complet, et la compagnie a fait remonter les chevaux. Une patrouille militaire a dispersé, hier, près de Somain, une bande de grévistes et a fait plusieurs arrestations. Trois ont été maintenues ; ce sont celles de trois mineurs de Somain qui ont été conduits aussitôt à la prison de Douai pour outrages envers les officiers du 19° chasseurs. Dans la concession d'Azincourt, la fosse de Monchecourt est en grève. À Anzin, la descente est complète. On annonce qu'aux mines de Douchy, jusqu'alors réfractaires, la grève a éclaté ce matin. 

Lille, 20 septembre. 

Hier sur plusieurs points du bassin d'Aniche, les grévistes sont allés comme les jours précédents à la sortie des fosses, drapeau du syndicat en tête, pour attendre les mineurs qui continuent à travailler. 

Quand les mineurs sont sortis des fosses ils ont été accueillis par des injures et les cris de : Vive la grève ! Ils étaient protégés par la troupe et la gendarmerie. II y a eu toute fois quelques petites bagarres auxquelles les femmes aussi ont pris part. 

Sur d'autres points de la Compagnie d'Aniche (section de Douai) les grévistes n'ont pu parvenir à passer, les routes étant gardées par la gendarmerie. 

Lille, 20 septembre. 

400 mineurs d'Aniche se sont portés sur la fosse Casimir-Périer dépendant de la concession d'Anzin pour essayer d'arrêter le travail, mais ils ont été dispersés par un peloton du 19è chasseurs à cheval. Quelques arrestations ont été opérées. M. Basly adressera aujourd'hui un manifeste aux mineurs du Nord. 

Lille, 20 septembre. 

M. Guérin, secrétaire général, est arrivé hier à quatre heures à Somain, venant de Douai avec le sous-préfet de Douai et le commandant de gendarmerie. 

Douai, 20 septembre. 

On vient. d'arrêter le nommé Monier pour avoir tenté d'empêcher les ouvriers de se rendre au travail. 

A Lourches, les mineurs sont en grève. 

A Aniche, les chevaux du fond des mines ont été remontés. 

Lille, 20 septembre. 

A Douchy, 430 ouvriers seulement sur 1,267 sont descendus ce matin. Ce chiffre correspond à peu près à celui des ouvriers non syndiqués. Un escadron du 4è cuirassiers, venant de Cambrai, est arrivé à Aniche. Deux compagnies du 1er régiment de ligne gardent les fosses de la division de Lens et assurent la liberté du travail. Aux fosses de Guesnain, le travail continue à être complet.