Guesnain

Guesnain

mardi 31 mars 2020

Grève des mineurs dans le Bassin du Nord et à Guesnain, une réunion publique de Goniaux et Quintin, un article paru dans le Réveil du Nord du 21 avril 1906 BASSlN DU NORD 
 A Dorignies. — Réunion de femmes. — En route pour Douai. — Laisser-passer d'une délégation. — Réception par la Municipalité. — Secours aux grévistes. 







BASSlN DU NORD

A Dorignies. — Réunion de femmes. — En route pour Douai. — Laisser-passer d'une délégation. — Réception par la Municipalité. — Secours aux grévistes. 


Vendredi à dix heures et demie salle Ricart près de trois cents femmes se trouvaient réunies et décidaient d'un commun accord do se rendre à la mairie de Douai et de solliciter la distribution des soupes populaires à Dorignies comme cela se fait à Denain, Liévin et Lens. Toutes se mirent en route, mais, elles avaient compté sans la police qui apporta l’ordre de les disperser, en disant néanmoins qu’une délégation serait reçue par la municipalité. Le citoyen Quintin choisit dans le nombre dix mères de famille et accompagnées des citoyens Dupriez, Peckre et Fassiaux,  tous se rendirent à l'Hôtel de Ville de Douai où les attendaient MM. Bertin, maire, Hanotte et Dumont, adjoints. La délégation fut introduite aussitôt dans le bureau de M. le maire. Elle est présentée par le citoyen Quintin qui expose le but de cette démarche : organisation des distributions des soupes populaires où par tout autre moyen, secours aux familles des grévistes. Quintin fait remarquer que les mineurs de Dorignies ont toujours fait preuve de beaucoup de calme et de modération et qu’aucun incident ne fut signalé. Cette attitude milite en leur faveur et il espère que la municipalité leur en saura gré. M. Bertin, maire, déclare qu’il ferait droit dans la mesure du possible à la demande de la délégation. Une commission syndicale à laquelle sera adjoint le brigadier des gardes Ledoux, relèvera les noms des familles de grévistes ayant au moins deux enfants. Le maire espère que la Compagnie de l'Escarpelle suivra la ligne de conduite de la Compagnie de Marles et donnera l'exemple aux Compagnies voisines. La décision de la municipalité sera portée à la connaissance de la commission du bureau de bienfaisance qui statuera sur le nombre de distributions de pain à faire par semaine.
Sur cette déclaration, une citoyenne répond que ce n'est pas avec du pain sec qu’on peut faire de bons soldats pour la France. M. Bertin tient à faire observer qu'à Dorignies il faut avoir six enfants pour être assisté par le bureau de bienfaisance. Il s’attire la réponse de Dupriez que les commerçants de Dorignies contribuent pour une large part aux recettes de la ville. Sur ces mots la délégation se retire, après avoir remercié la municipalité de son bon accueil et de la décision qu’elle a prise en faveur des familles des mineurs grévistes. 
La délégation a regagné Dorignies où le citoyen Quintin a donné connaissance à plusieurs centaines de femmes du résultat de l’entrevue 

Conférences Goniaux 

Hier, à midi le citoyen Goniaux a fait une conférence à Sin-le-Noble sous la présidence du citoyen Bertiaux. Près de huit cents mineurs y assistaient. 
A deux heures et demie, le dévoué secrétaire du syndicat des mineurs du Nord faisait une seconde conférence à Guesnain sous la présidence du citoyen Héreng. Près de mille mineurs et cent cinquante femmes y assistaient, un grand nombre de mineurs n’avaient pu prendre place dans la salle, la priorité ayant été accordée aux mineurs de Guesnain et de Dechy. A cinq heures, le citoyen Goniaux, toujours sur la brèche, faisait sa troisième conférence à Flines-lez-Râches . Un grand nombre de mineurs y assistaient. 

A GUESNAIN 

La plus importante réunion fut celle de Guesnain. Le bureau est composé de trois membres du syndicat jaune qui sont nommés à mains levées. Ces nominations sont saluées par des bravos et des rires. A noter que le secrétaire de séance fut candidat indépendant comme délégué mineur aux dernières élections. Le président remercie l’assemblée de l'honneur qui lui est fait et donne la parole au citoyen Goniaux. Le dévoué secrétaire du Syndicat des mineurs du Nord remercie la délégation des ouvriers de Guesnain qui est venue le solliciter à Sin de venir faire une réunion, à Guesnain ; il se réjouit de la discipline des syndiqués de Guesnain, qui malgré la pression la plus éhontée font cause commune pour faire aboutir les revendications de la corporation. Goniaux rend compte de l’entrevue de Paris avec les représentants des Cies et de la déception qu'ont éprouvée les délégués ayant eu connaissance de la fin de non-recevoir des Compagnies 
Il examine très longuement la question des salaires de base, le salaire moyen des ouvriers de La Cie d’Aniche était avant la grève de 6 fr. 01 d’après M. Lemay, directeur de la Compagnie. Cette compagnie offrait 10 % d augmentation mais ne voulut point signer se contentant de donner sa parole d'honneur. Or, d'après les rapports de la Compagnie le solaire de base à Aniche serait, d’après la convention de 1891, de 4 fr. 01. Le salaire serait avec les augmentations consenties de 5 fr. 62. Il faut donc annuler la convention d’Arras de 1891 et établir un nouveau salaire de base. Très clairement le citoyen Goniaux montre l'utilité et la nécessité du double carnet de paie. 
Il examine ensuite la situation actuelle et montre les avantages accordés par la Cie de Marles à ses ouvriers et il espère que les autres Compagnies suivront cet exemple. Une triple salve d'applaudissements souligne cette déclaration. 
II termine en engageant les mineurs de Guesnain à s'inscrire au Syndicat professionnel, mais non au Syndicat politique de Dombray-Schmidt, subventionné par les moines, les évêques, les Cies et les pires ennemis de la République. 
De nombreuses et chaleureuses acclamations sont poussées par les assistants et de nombreux cris de : Vive Goniaux ! se font entendre. 
Le citoyen Quintin engage les ouvriers de Guesnain à ne point laisser pratiquer le racolage et à déposer une plainte contre les porions et autres employés de la Cie qui se livreraient à cette malhonnête besogne et les engage à organiser les patrouilles. L’ordre du jour suivant est ensuite volé à l’unanimité des mineurs de Guesnain, seuls appelés à voter. 
"Les ouvriers de Guesnain, réunis au nombre de 300. approuvent les déclarations des citoyens Goniaux et Quintin, déclarent faire cause commune avec les camarades qui les entourent, se séparent aux cris de : A bas le syndicat jaune ! Vive le syndicat rouge ! Vive la grève jusqu'à complète satisfaction. 
La sortie a lieu sans incidents ; quatre escadrons de cavalerie stationnent sur le carreau de la fosse prêts à charger au moindre signal, pendant que tous les cavaliers disponibles du 27e d'artillerie, sons les ordres du commandant Morel, passent au trot se rendant dans le bassin d’Anzin. 

La situation 

Calme complet dans tout le bassin du Nord 

Le chômage est toujours complet dans les concessions de l’Escarpelle, de Flines et d'Azincourt. Dans la concession, à la fosse Saint-René, il y a eu 40 descentes. De nombreux grévistes, à la sortie de la réunion, allèrent faire une démonstration toute pacifique devant la fosse Saint-René. Ils avaient repris la route de Dorignies, quand ils apprirent qu’il y avait des descentes. Ils firent demi-tour afin d'empêcher la sortie des rouffions de la fosse. Sur le carreau, plusieurs escadrons de hussards, dragons, cuirassiers attendaient des ordres. Le commissaire spécial Favre, de la sous-préfecture de Douai, fut appelé et arriva en toute hâte. Le citoyen Quintin invita les grévistes à retourner à Dorignies leur faisant entrevoir le danger qu’ils couraient. Un certain nombre suivit ce conseil, les autres attendaient toujours la sortie des rouffions. Le service d’ordre fit établir un barrage, derrière lequel filèrent comme des lapins les faux-frères qui regagnèrent leur domicile. 
Dès que M. Favre eut annoncé cette nouvelle aux grévistes, ceux-ci manifestèrent en chantant et en adressant quelques quolibets aux rouffions, puis ils reprirent la route de Dorignies. Tout est calme dans le bassin.


lundi 30 mars 2020

Quintin, secrétaire du syndicat des mineurs de Guesnain, dénoncé par M. Lemay, ingénieur des Mines d'Aniche







Un dernier mot au "Progrès" 

Le « Progrès » prétend que nous avons esquivé sa question. On ne nous a donc pas lu ? Que nous demandait-il ? De nous prononcer sur la dénonciation calomnieuse de M. Lemay, ingénieur-gérant des mines d’Aniche, contre les « chefs " du Syndicat de Dorignies et le probe et dévoué secrétaire de ce syndicat, le citoyen Quintin. Un socialiste conscient est incapable de se porter aux actes dénoncés par M. Lemay. Or, Quintin est socialiste. C’en était assez pour que nous le défendissions contre M. Lemay et contre le « Progrès ». D’ailleurs, cette affaire de Guesnain a fait l’objet d’une enquête du parquet et elle a été appelée, vendredi, devant le tribunal correctionnel de Douai. Cinq Individus, dont une femme, étaient poursuivis : les sieurs Leclercq Jules, Leclercq Dieudonné, Bouton Louis, Jovenet Antoine et la femme Tilment. Le nom de Quintin ne figure pas, on le voit, parmi les inculpés qui ne sont pas eux-mêmes des chefs du Syndicat, ni même des syndiqués. A moins de rendre le parquet complice des actes déplorables prêtés à Quintin et aux  "chefs » du Syndicat de Dorignies, le « Progrès » est forcé d’avouer que nous avions raison de ne pas épouser les querelles de M. Lemay qu’il a reprises à son compte, espérant bien nous embarrasser. Voici donc le point essentiel du débat liquidé — et non pas à l’avantage de la thèse adoptée par le « Progrès » ! Quant aux conséquences politiques de la polémique engagée par notre confrère radical sur une « futilité », — nous le répétons. — et portée au diapason que l’on sait, nous ne les redoutons aucunement pour nos amis ; mais il pourrait arriver un jour que les électeurs ouvriers ne finissent par se lasser de servir un parti où ils trouvent plus souvent des hypercritiques que des défenseurs, — et ce jour-là, le « Bloc » aurait vécu. G. S.-E.

La Grève générale des mineurs dans le Nord, La fosse Saint-René, "citadelle imprenable" sous l'emprise de Maroquin














DANS LE NORD Enfin, voilà de la troupe. — La fosse de Guesnain cernée par les cuirassiers. — Le chômage aux mines d’Aniche. — Mesures révoltantes de la Compagnie. 



Dans I’Escarpelle, rien de nouveau. Comme toujours le chômage est général et les grévistes gardent leur calme absolu. Hier a eu lieu la remise des carnets du salaires pour la quinzaine écoulée. Les grévistes ont, en effet, de cinq à sept jours de présence à la mine, avant la déclaration de grève. Signalons, à ce sujet, un procédé d’autant plus odieux de la part de la Compagnie, qu'il n’a pas toujours été en vigueur. En effet, on retient aux ouvriers, sur le maigre salaire de leurs quelques journées de travail, le prix des outils abîmés ou perdus. En sorte que certains n'auront à toucher aujourd'hui que quelques sous. Il est vrai que les Compagnies escomptent la détresse de l’ouvrier pour l'amener à soumission, c’est-à-dire à reprendre le travail Cette tactique est élémentaire, et l'on ne saurait réclamer plus de grandeur d'âme au féroce capitalisme. 

AUX MINES D ANICHE 

Dans la commune d'Aniche, trois fosses peuvent être considérées comme entièrement acquises au mouvement. Ce sont celles de Notre-Dame, Gayant-Bernicourt et Dechy. Celte dernière où, samedi l'on comptait encore la moitié des descentes, a été abandonnée lundi par la presque totalité des inscrits, soit 512 grévistes, ce qui, avec les 600 des deux autres fosses donne un total de 1100 grévistes. 

A LA FOSSE DE GUESNAIN 

Reste la fosse de Guesnain, la citadelle réputée imprenable de la concession d’Aniche. Il est de fait qu’elle est défendue par tous les moyens possibles, légaux et surtout illégaux. Néanmoins, samedi matin, on y comptait une centaine de manquants. Dieu, ou plutôt le Diable, sait pourtant à quelles scandaleuses extrémités se sont portés les larbins de la direction, à commencer par le fameux Maroquin, qui, accompagné de ses quatre gendarmes, allait réclamer jusqu'à domicile, les ouvriers qui se disposaient à faire grève. Ces manœuvres n’ont point empêché le mouvement de s'accentuer dans des proportions significatives.
Il n'y a pas à s'y méprendre, la fosse de Guesnain est désormais affranchie du joug patronal. Tous les maroquins du monde n'y feront rien. A preuve que lundi matin, en dépit, — peut-être à cause, qui sait, — du ridicule déploiement de troupes inauguré aux abords de la fosse et sur lequel nous allons revenir, le nombre des grévistes a plus que doublé. Il y avait plus de deux cents manquants hier matin, c’est-à-dire la moitié des inscrits, et cela sans la moindre pression de la part des autres grévistes. 

L’APPEL AUX SOLDATS 

Comme nous l’avons signalé hier, la direction des mines d'Aniche réclamait des troupes à cors et à cris, sûre de la complaisance pour ne pas dire de la complicité de M. le sous-préfet de Douai. Nous osions encore espérer hier matin que l’attitude de ce piètre agent serait surveillée en plus haut lieu et qu’on examinerait sérieusement ses rapports et requêtes avant d'y donner quelque suite. Il faut croire qu’on a eu quelque distraction en haut lieu, comme nous le disions, car M. Allard est arrivé à ses fins. Nous ferons remarquer en passant que cette distraction doit être également cause que la légitime réclamation, télégraphiquement adressée par Goniaux au préfet du Nord, concernant l’entrave apportée par les agents des Compagnies avec l'aide des gendarmes, à la liberté du droit de grève, est demeurée sans réponse. Nous l’attendons impatiemment, cependant. 
Le sous-préfet de Douai est donc arrivé à ses fins, disions-nous. 
En effet, la nuit dernière deux escadrons du 4e cuirassiers sont arrivés de Cambrai pour occuper militairement les communes de Dechy, Guesnain et Lewarde. 
Naturellement, personne ne s'attendait à cette invasion de troupes. 
Aussi lorsque, dans la soirée, les escadrons, en quête d’un logement, arrivèrent à Sin-le-Noble, et qu’un officier s’adressa à M. Wilmot, maire de la commune, pour lui demander où s'abriter, celui-ci dut s'enquérir de par qui le détachement était appelé sur son territoire. On lui répondit que c’était par l’ingénieur-directeur des mines d’Aniche, ce à quoi M. Wilmot fit observer qu'il était alors plus logique de s’adresser au dit ingénieur pour se procurer le logement ; néanmoins, vers onze heures du soir, les soldats furent casés dans l’ancienne carrosserie Lion route nationale. 

IMPOSANT SPECTACLE 

Dès deux heures du matin, les deux escadrons de cuirassiers ont été dirigés l’un sur Guesnain, l’autre sur Lewarde. Nous avons eu la curiosité d’aller faire une exploration par là, et vraiment le spectacle, comme grotesque, en valait la peine. Avant d'arriver à Guesnain, sur la grand'route, nous nous heurtons dans le premier escadron, planté là sur la route, attendant on ne sait quoi. Pauvres cuirassiers. Ce qu’ils doivent en faire des réflexions, sur la nécessité des armées permanentes ! 
Nous poussons plus loin, jusqu’à Lewarde. Là, le second escadron, divisé en escouades de patrouille, parcourt la commune en tous sens, guidé par les gendarmes. 

HEUREUSE RENCONTRE 

Nous avons le bonheur, dès notre entrée dans Lewarde, de rencontrer le sieur Maroquin, géomètre-garde-chiourme de la compagnie, surnommé la « Terreur des Corons ». L'individu tient toujours sa lanterne à la main et peut-être s’apprête-t-il à nous la mettre sous le nez. Mais, est-ce intuition soudaine, il s'arrête, se retourne vers les gendarmes qui l’escortent, et ceux-ci s’éloignent aussitôt.
 Il va sans dire que nous n’avons nullement éprouvé le besoin d'entrer en connaissance avec le personnage. 

LES PATROUILLES 

De quatre heures du matin jusque six heures et demie, des patrouilles de cuirassiers ont fait la navette entre Guesnain et Lewarde. Pourquoi ? Sans doute pour prendre du mouvement, et peut-être aussi dans la vague intention d’assurer la sécurité des ouvriers se rendant au travail. A moins que ce ne fût simplement pour protéger la besogne des porions en racolage sur la route, sous la haute direction du dénommé Maroquin. En somme, le plus clair de toute cette mise en scène intempestive, c’est que plus de deux cents mineurs ne se sont pas rendus à la fosse de Guesnain, lundi matin, et que le nombre des grévistes ira toujours en augmentant. Ce qui prouve que le droit prime la force, d’une certaine façon. 

ODIEUX PROCEDES DE LA COMPAGNIE 

Disons, pour finir, que la compagnie des mines d’Aniche, non contente de ses exploits accoutumés, vient de solliciter de la sous-préfecture de Douai un « arrêté » dans lequel les maires de la circonscription interdisent aux mineurs grévistes de circuler sur leurs territoires pour y chercher les pommes de terre que les cultivateurs négligent de ramasser dans leurs champs, après l’arrachage. Voilà qui révolte la conscience de tous les honnêtes gens, et si ce bruit ne nous revenait de plusieurs bouches, nous refuserions d’y accorder quelque crédit. En tout cas, nous nous faisons un devoir de nous en faire l’écho, dans l’espoir que la sous-préfecture, si sujette à caution, hésitera à leur faire prendre plus de consistance. Maurice SAVARY.


Grève des mineurs, réunions et manifestations à Guesnain, le Parquet à Guesnain, un article paru dans le Réveil du Nord du 22 avril 1906









BASSIN DU NORD

Lundi à 4 heures du soir, salle Mocq, à GUESNAIN. Tous les mineurs de Guesnain et des environs sont instamment d’assister à cette réunion.

Charges nombreuses
Invasion de troupes 

Pendant la soirée de vendredi et pendant la nuit de vendredi à samedi, de nouvelles troupes arrivaient à Douai pendant que d autres ne faisaient que passer se rendant dans le Pas-de-Calais. Deux escadrons du 19e chasseurs à cheval ont été dirigés sur Sin-le-Noble ; deux compagnies du 16è chasseurs à pied ont été dirigées sur Guesnain et Dorignies. Dans la soirée de samedi, l’arrivée et le passage de troupe n’ont point cessé. Ce fut d’abord le 3e cuirassiers de Vouziers, qui se rend à Lens ; puis du 162e, puis d’autres cuirassiers et d'autres compagnies d’infanterie alternant avec des escadrons de cavalerie. Le service d'ordre a été considérable ment renforcé dans le bassin d'Aniche. Pendant la nuit de vendredi à samedi de nombreux et importants détachements du 15e d’artillerie ont gardé tous les chemins donnant accès du bassin de l’Escarpelle au bassin d’Aniche. Néanmoins, un certain nombre de grévistes parvinrent à franchir les barrages et à se joindre aux amis de Sin-le-Noble d'où ils se rendirent à Guesnain où d’autres frères de misères se joignirent à eux. Les opprimés de Guesnain ont enfin secoué le joug de la Cie et compris leur devoir. Au nombre de près de 1.000 ils se rendirent à la fosse Ste-Marie à Auberchicourt. Là commencèrent les brutalités des soldats. Ceux-ci sous les ordres de quelques galonnés, chargèrent les grévistes sans aucune provocation et sans qu’il y eut le moindre trouble. Naturellement les gendarmes ne restèrent pas en arrière et leurs brutalités soulevèrent l’indignation d’un ouvrier mineur de Guesnain, le nommé B..., qui oublia que, quoi qu'ils fassent, les gendarmes ont toujours raison. B... fut amené à Douai, conduit au Parquet puis écroué. Devant ces charges, les grévistes se dispersèrent puis se reformèrent route de Valenciennes. De nouvelles charges eurent lieu et les grévistes furent repoussés jusqu’à l’intersection de la route de Masny et d’Erchin. à plus de trois kilomètres de Ste-Marie 
Un certain nombre de grévistes se sauvèrent à travers champs ; quelques-uns plus fatigués se réfugièrent dans un estaminet. Ils étaient quatre ou cinq : quel danger pour la sécurité publique ! L’estaminet fut pris de force par les gendarmes qui avaient mis pied à terre, mais hélas ! leur excès de pouvoir ne fut pas récompensé ; quand ils purent entrer, l’estaminet était vide. A la fosse de Sessevalle près de Rieulay, quelques centaines de grévistes qui voulaient manifester ont été dispersés par des charges de cavalerie. De tous côtés, les gendarmes n’ont pas ménagé les horions et de nombreux mineurs que nous avons vus portent des traces de coups violents sans compter un grand nombre de vêtements déchirés. Détail à noter : aucun gendarme, aucun soldat n’a reçu le moindre coup. Où sont donc les brutes ? 

Inspection de troupes 

Vendredi matin, le général Robert, commandant la place de Lille, avec le Iieutenant-colonel du 1er de ligne et le capitaine de gendarmerie Ducroquet, de Douai, a passé l'inspection des troupes qui sont dans le bassin. Le général Robert, a repris à Douai le train de 3 h. 59 ; il était accompagné du général Herment, commandant l'artillerie du 1er corps d’armée. 

Le Parquet à Guesnain 
ARRESTATIONS ARBITRAIRES 

A deux heures le Parquet, composé de MM. Bottin, juge d’instruction : Cauwès, substitut et Saudemont, commis greffier, s'est rendu à Guesnain. Le porion Lekief, que les grévistes ont ramené hier à Dorignies a été longuement interrogé. Le Parquet a procédé à des constats de bris de quelques carreaux. Il se pourrait que des arrestations seraient opérées pour ces faits. Voici à propos de l'affaire Lekief, des renseignements précis : 
Dans la soirée de vendredi, les grévistes qui revenaient de Guesnain auraient forcé le porion Lekief, demeurant à Guesnain, à revenir avec eux. Il porta le drapeau le long de la route en revenant par Sin-le-Noble. Arrivés à Dorignies les gardes voulurent délivrer le porion prisonnier volontaire, une bousculade s'en suivit et les 3 gardes vinrent à bout de plusieurs centaines de grévistes. On voit de là la violence des ouvriers que trois gardes réduisent à l’impuissance. Différentes dénonciations furent faites ; tant sur les déclarations de Lekief que sur celles d'autres personnes et ce matin des mandats d’amener furent décernés contre Louis B.., âgé de 29 ans ; Charles J..., âgé de 30 ans et sa femme Philomène D..., 28 ans ; Jules L..., 34 ans et Dieudonné L.., 4S ans. tous demeurant à Dorignies. 
Ces mandats furent transmis au brigadier de gendarmerie de Dorignies qui usa de ruse afin d’éviter un conflit et au lieu de déclarer nettement aux gens qu’un mandat d’amener était délivré contre eux, leur dit que le Procureur de la République désirait tes interroger. La ruse réussit et un par un tous se rendirent à Douai ou on leur signifia le man dat décerné contre eux.

De midi à 7 heures, les inculpés furent tenus en observation. Ainsi que nous le disons plus haut le Parquet qui s’était rendu à Guesnain croyait trouver Lekief expirant. Leur stupéfaction fut grande quand on leur indiqua la victime, et quelle victime, occupée dans son jardin. Le rôle du Parquet, devenait délicat et les arrestations étaient des moins motivées. Lekief fut examiné : il porte quelques ecchymoses, preuves de violences plus que légères, L’homme que les grévistes ont massacré se portait à merveille et des arrestations sont faites, grâce à un rapport plutôt fantaisiste.
A 7 heures, le Parquet a suspendu l’instruction pour la reprendre à 8 heures et demie. Une démarche a été faite près de M. le sous-préfet pour obtenir la mise en liberté des accusés : le représentant du Gouvernement est absent. 
A 8 heures et demie. l'Instruction a repris son cours ; Il y a eu confrontation entre les inculpés qui nient toute participation aux faits relevés et différents témoins. 
Ces arrestations ont produit une violente émotion à Dorignies où les grévistes furent toujours calmes. Des troubles graves seraient à craindre si ces arrestations étaient maintenues. 

Mise en liberté des inculpés


 En dernière heure, on nous télégraphie : « Les trois gardes de Dorignies ont été entendus. Après confrontation, les inculpés ont été mis en liberté provisoire. L’interrogatoire et la confrontation ont en lieu sans la présence d’un avocat ainsi que le veut la loi.

dimanche 29 mars 2020

Un habitant de Guesnain foudroyé, un article paru dans l’Indépendant rémois du 22 mai 1910









LES ORAGES 

Hazebrouck, 21 mai. — Un orage s’est abattu sur la région flamande vers quatre heures du matin. La grêle et des averses torrentielles se succédaient sans discontinuer. Une partie de la voie ferrée a été inondée entre Hazebrouck, Steenbecque et Ebblinghem. 
Un habitant de Guesnain a été foudroyé. La foudre est tombée sur l'église Saint-Eloi et sur une minoterie située dans la campagne. Quelques fermes ont été incendiées par la foudre à Strazeele, Merrill e et Eecke. 

Hazebrouck, 21 mai. — Indépendamment des nombreux incendies que la foudre a occasionnés dans la région flamande ; samedi matin, au cours du terrible orage qui sévit sur le pays, on a eu à déplorer certaines inondations, notamment à Steenbecque où, au centre du village, l’eau atteignit 1 m. 20 de hauteur dans les habitations. A Blaringhem, de nombreuses maisons et fermes furent submergées; les habitants durent se réfugier dans les greniers. Toutes les communications étaient impossibles. Les dégâts sont très importants. L’orage fut également terrible dans la région de Saint-Omer. La foudre tomba en plusieurs endroits, notamment au bureau de poste,- sur la tourelle supportant les fils de communication dont la presque totalité fut brûlée par le fluide. Le feu prit immédiatement au tableau téléphonique, causant une panique parmi le personnel de service. Les communications télégraphiques et téléphoniques sont interrompues à cause des dégâts subis par les appareils. 
Heureusement on n’a aucun accident de personne à déplorer.
Remiremont ; 21 mai —Un orage accom pagné d® gros grêlons lai causé des dégâts importants aux récoltes et brisé un grand nombre de vitres, 
Lens ; 21 mai. — Des orages se sont abattus sur la région. La foudre est tombée en plusieurs endroits et a incendié des récoltes, A Harnes, dans la banlieue lensoise de gros grêlons sont tombés, dévastant les récoltes et causant de graves dommages aux bâtiments.

CONTRE LA VIE CHÈRE L'ÉMEUTE SE DÉCHAÎNE DANS LE NORD, Une manifestation à guesnain, article paru dans Le Petit Parisien du 1 septembre 1911











CONTRE LA VIE CHÈRE
L'ÉMEUTE SE DÉCHAÎNE DANS LE NORDLes manifestants saccagent les marchés 

Les marchands se lamentent
Les municipalités interviennent


Le mouvement de protestation contre la cherté des vivres prend de jour en jour une extension plus grande et les manifestations revêtent un caractère de plus en plus grave. Déjà, dans certains centres, des comités sont en voie de formation, et on organise méthodiquement la grève des consommateurs.

De leur côté, certains commerçants s'abstiennent de paraître sur les marchés, d'autres ferment leur boutique.

Telle est aujourd'hui la situation qui ne peut que s'aggraver encore, en raison des exigences toujours croissantes de la vie.

LE BLESSÉ DE BILLY-MONTIGNY A SUCCOMBÉ


Le malheureux Humbert Dieudonné, blessé à Billy-Montigny, d'un coup de revolver au côté par le boulanger Wills dans les conditions que le Petit Parisien a relatées, est mort ce soir à cinq heures.

Il a succombé à une péritonite.

La femme de l'infortuné  venait de donner le jour, mercredi soir, à un garçon. Le moribond, qui avait déjà la tête perdue quand il apprit la nouvelle, resta presque indifférent. Il regarda fixement son enfant et se retourna dans son lit de souffrance.

On s'attend à ce que des funérailles imposantes lui soient faites.

L'EMEUTE SE DECHAINE AVEC FUREUR A SAINT-QUENTIN 

Saint-Quentin, 31 août.

Le calme de la journée était préludé de tempête.

Malgré la troupe et la police, les manifestants, au nombre de cinq ou six mille, ont pillé et incendié l'épicerie Pluche. Dans les quartiersSaint-Jean,Saint-Martin et rue d'Isle,. ils ont saccagé les boucheries et les charcuteries. La troupe est impuissante et ne peut rétablir l'ordre. On attend des cuirassiers et des artilleurs.

LES BOUCHERS PROTESTENT ET FERMENT BOUTIQUE


Lens. 31 août.

Les manifestations contre la cherté de la vie se poursuivent dans le bassin houiller du Pas-de-Calais. On ne compte plus les cortèges qui défilent ni les meetings qui se tiennent à Lens et dans les environs. La situation s'aggrave de jour en jour. Les manifestations, qui se déroulent bruyamment dans les communes, commencent à devenir inquiétantes. On a brisé les vitres et menacé des commerçants qui ne voulaient de signer l'engagement de donner leurs marchandises aux prix demandés par les protestataires.

Les marchés sont désertés par les marchands de beurre et d'œufs. Les bouchers et charcutiers ont pris, dans certains centres, la décision de fermer boutique, car il leur est impossible de fournir aux prix demandés, étant donné le taux élevé d'achat des bêtes. Ils seront sûrement suivis par leurs collègues des autres communes où se déroulent des manifestations.

Les bouchers, qui s'étaient rendus au marché de Douai, sont revenus, ainsi que je vous l'ai dit, sans avoir acheté et ont annoncé aux habitants qu'ils cessaient la vente.

A Montigny, Rouvroy. Nouméa, Billy-Montigny, Lens, les bouchers ne débitent plus de viande. Ceux de Liévin, vont avoir une entrevue avec les délégués des ménagères. On s'attend à ce qu'ils prennent exemple sur leurs camarades. La région est donc menacée à la fois d'une grève de consommateurs et d'une grève de commerçants.

Arras, 31 août.

Une centaine de bouchers-charcutiers du bassin houiller sont venus ce matin à Arras et aux accents de l'Internationale se sont rendus aux marchés aux veaux et aux porcs, qui se tenait place Victor-Hugo, pour protester contre la hausse des bestiaux. L'un des manifestants portait une pancarte, sur laquelle on lisait ces mots « La boucherie demande la baisse des bestiaux." 
Dès que les manifestants pénétrèrent sur le marché, la police et la gendarmerie assurèrent l'ordre et aucun incident ne se produisit.

Les bouchers-charcutiers du bassin houiller déclarèrent être envoyés par les femmes des mineurs et demandèrent aux marchands de bestiaux et cultivateurs de vendre veaux et porcs à un franc la livre. Les manifestants n'achetèrent pas Après le marché, ils tinrent, au café du Nouveau-Boulevard une réunion au cours de laquelle ils rédigèrent la communication suivante, qui sera remise aux maires de leurs communes, pour attester qu'ils sont venus à Arras.
Les bouchers charcutiers d’Hénin-Liétard, Lens, Billy Montigny, Rouvroy, Drocourt, Mines, Sallaumines, Montigny-en-Gohelle, Avion, Fouquières, Méricourt-corons et communes environnantes, au nombred'une centaine, envoyés par les femmes des mineurs, sont venus ce matin. au marché d'Arras pour protester contre la hausse toujours croissante des bestiaux. Ils entrèrent au marché en chantant l'Internationale, mais furent aussitôt entourés par la police et la gendarmerie. Malgré celte manifestation, les marchands de bestiaux et plusieurs cultivateurs exigeants maintinrent leurs prix élevés.

Les bouchers-charcutiers des communes citées plus haut refusèrent d'acheter. Ils prient les pouvoirs pubics de prendre leurs doléances eu considération.

Les manifestants vont envoyeur au préfet un ordre du jour dans lequel ils demandent la suppression de l'exportation du bétail, la suppression des droits de douane sur les bestiaux étrangers entrant en France, la suppression des trusts concernant la main-mise sur les produits de l'alimentation en général. Ils demanderont aussi la taxe des viandes d'après le cours du bétail.

Lens, 31 août
Les bouchers et les charcutiers des communes de Méricourt-corons, Méricourt-village, Fouquières-lès-Lens, Rouvroy, Sallaumines, Noyelles-sous-Lens, ont pris aussi la détermination de ne plus vendre. Deux fermiers de Méricourt-Corons ont été contraints de vendre le lait 0 fr. 20 le litre. Un grand nombre de manifestants ont assiégé leurs maisons, brisé des car et enlevé des volailles.


Douai. 31 août

Les bouchers de la ville se sont rendus ce soir à l'hôtel ville, pour réclamer protection contre les manifestants. 
M. Demont, adjoint au maire, les a reçus, Il a aussitôt télégraphié à la préfecture pour demander des troupes et il a pris un arrête interdisant les attroupements et les rassemblements pendant le mois de septembre.

A Somain, les bouchers ont décidé de ne plus tuer et de fermer les boucheries. 

Les municipalités interviennent 


Fourmies, 31 août.

M. Coppeaux, maire des Fourmies, a fait afficher 1 avis suivant :

D'accord avec les délégués ouvriers, la municipalité prend l'initiative de concilier les intérêts des consommateurs et ceux des commerçants et herbagers. Les résultats de la discussion seront publiés par voie d'affiches mais les pourparlers engagés ne doivent pas être entravés par des incidents regrettables susceptibles de nuire à la cause légitime des consommateurs.

Maubeuge, 3Ï août.

A la séance du conseil municipal, qui a eu lieu hier soir, les conseillers Poirette et Maillart ont interpellé le maire sur les décisions à prendre pour l'abaissement des prix des denrées, mais celui-ci fit remarquer qu'il s'agissait d'une question purement administrative et que le conseil n'avait pas à s'en préoccuper.

A midi, une colonne de plus de six cents personnes, composée d'ouvriers des usines de Sous-le-Bois, de femmes portant des cocardes et écharpes rouges et d'enfants, s'est présentée à la mairie et une audience fut demandée au maire, qui, d'une fenêtre, harangua la foule, et accepta de recevoir une délégation;

Douze personnes furent désignées. Elles avaient mission de demander l'élargissement immédiat des trois femmes condamnées par le tribunal d'Avesnes et la diminution du prix des denrées.

Le maire répondit qu'il ferait de son mieux pour concilier !es intérêts de tous. Une réunion de cultivateurs devant avoir lieu aujourd'hui, il espérait que des mesures conciliantes seraient prises. Quant à l'élargissement des trois femmes, il ne pouvait rien faire.

Mais la question principale qui préoccupait pour l'instant les manifestants, c'était l'élargissement des trois condamnées. Après l'audience du maire qui dura plus d'une heure, tous les manifestants se reformèrent et partirent sur Louvroil et Hautmont, dans le but de faire quitter le travail aux ouvriers des usines importantes, comme la " Providence » qui en compte près de 2000
 Lorsque la condamnation des trois manifestantes fut connue, une vive agitation gagna tout le bassin de Maubeuge, des délégations de Valenciennes, de Fourmies, d'Aulnoye, de Berlaimont et d'autres lieux de la région, vinrent donner leur appui au comité.

Des protestations s'élèvent parmi la classe laborieuse qui est si dense. Le bruit d'une grève dans tout le bassin circule, si on n'obtient pas la liberté de Mmes Julia Marchand, Zélia Jouniaux et Marguerite Rastrain. La sévère condamnation qui les a frappées est fort commentée dans le public, dont la majorité pensait que la loi de sursis leur serait appliquée.

Hirson, 31 août.

Une délégation de manifestants s'est rendue à la mairie où elle a été reçue par M. Basset premier adjoint, à qui les délégués ont demandé que des taxes soient établies, fixant le prix des denrées de première nécessité.

M. Basset a promis d'examiner cette demande.

A TRAVERS LES ARRONDISSEMENTS TROUBLÉS

Douai, 31 Août.

Dans l'arrondissement de Douai, les manifestations contre la cherté des vivres se multiplient. Précédés de drapeaux et de pancartes aux inscriptions protestataires, plus de mille manifestants, femmes pour la plupart, ont parcouru la ville. Le chant de l'Internationale alternait avec les cris « Le beurre à trente sous, les œufs à deux sous, le lait à quatre sous la viande à douze sous"  Sans attendre, laiteries et boucheries fermèrent leurs portes

Les manifestants se rendirent aussitôt au marché de la place Saint-Amé, mais plusieurs marchands filèrent, emportant précipitamment leurs denrées. Les autres crurent prudent d'accepter les prix qui leur fusent imposés. Les ménagères pillèrent littéralement le marché. En un clin d'oeil, il ne resta plus ni œufs, ni légumes, ni fruits. Soupçonnant que des œufs et du beurre avaient été cachés dans les estaminets, les protestataires visitèrent ceux-ci, puis ils se portèrent devant les laiteries et les boucheries, obligeant beaucoup de commerçants à débiter leurs marchandises au prix qu'ils jugeaient raisonnable. A midi ils regagnèrent leurs domiciles.

Aniche, 31 août.

Des protestataires ont empêché ce matin les bouchers de prendre possession de leur viande à l'abattoir. Plusieurs voitures ont été bousculées, puis dételées, la police et la gendarmerie n'ont pu avoir raison des manifestants, qui étaient en possession de seringues chargées de pétrole destiné à être sur la viande.

Les manifestants forçaient les ménagères à les suivre. L'une d'elles, ayant refusé, fut complètement déshabillée dans sa demeure et entraînée nue dans la rue sur un parcours de 500 mètres.

Somain. 31 août.

2000 manifestants, réunis hier soir ont invité la municipalité à taxer toutes les denrées alimentaires et se sont engagés à ne plus acheter qu'au prix fixé.

Ce matin à 8 heures, précédés de drapeaux pancartes portant ces mots : "Guerre aux affameurs », les manifestants, des femmes en grande partie, aux cheveux parés de rubans rouges, se sont rendus à la gare pour arrêter les marchands venant au marché. Fouillant les paniers, les poches mêmes des voyageurs descendant des trains, ils espéraient trouver des denrées à acheter à des prix imposés. Le marché ne put avoir lieu, les marchands s'étant abstenus sur l'invitation du maire

Les manifestants se rendirent ensuite devant les fermes et les laiteries : " En voilà assez, disaient-ils, il nous faut le beurre à 1 fr. 50 ! "

Divisés en plusieurs groupes, les manifestants parcoururent ensuite la ville en chantant l'Internationale, forçant parfois les ménagères qu'ils rencontraient à marcher avec eux

Avesnes, 31 août.

Le marché de Berlaimont a eu lieu ce matin sans aucun incident. Les transactions ont repris leur cours habituel.

Une réunion de cultivateurs a lieu cet après-midi à Avesnes toutes les communes environnantes avaient envoyé des délégués. Dans la région de Maubeuge, des conférences seront faites par un membre de la C G. T. M. Yvetot.

Cambrai, 31 août.

L'agitation provoquée par le renchérissement des denrées a gagné tout le Cambrésis. De nouvelles manifestations ont éclaté à Caudry et Beauvois, et des troubles se sont produits aussi à Quiévy.

A Escaudœuvres, une foule de trois cents personnes a saccagé la demeure de M. Ramette, cultivateur, qui refusait de vendre son lait à quatre sous le litre Le maréchal des logis chef, Dolle, et le gendarme Lichtfous, de Cambrai, ayant voulu protéger la maison du cultivateur, ont été molestés, et le gendarme Lichtfous a été blessé au visage par un nommé Cannesson, débitant. Vingt-cinq gendarmes de la 2è légion sont venus renforcer ceux de Cambrai. On craint de nouveaux troubles.

EST-CE LE DEBUT DE L'APAISEMENT? 


Valenciennes, 31 août
Les pourparlers engagés entre les délégués des consommateurs et les fournisseurs se sont poursuivis devant les maires. Un peu partout, l'accord se fait et l'apaisement ne peut tarder. Aucune manifestation violente ne s'est produite.

Une arrestation a été opérée à Fresnes, au sujet des derniers pillages. C'est celle d'un nommé Henri Mariolle, brocanteur. Il a été écroué.

Douai, 31 août.

Une manifestation a eu lieu ce soir à Guesnain, et l'on signale quelques actes de sabotage.

Au cours d'une réunion tenue à la mairie d'Aniche entre le conseil municipal et les commerçants ceux-ci ont accordé une baisse sur les denrées de consommation. Plus de 2,000 manifestants attendaient sur la place le résultat de la réunion.


TUÉE A COUPS DE HACHE, un article tragique paru dans le Courrier de Saône-et-Loire du 1 avril 1914,














TUÉE A COUPS DE HACHE 

Douai. — Le maçon Edmond Vandeboeck, 48 ans, qui habitait avec Julie Dewachter, 53 ans, au hameau du Marais, à Guesnain, voulant s’emparer d’une somme de 700 francs, économisée par sa compagne, résolut de se débarrasser de celle-ci. Dans ce but, il lui administrait chaque jour de fortes doses de purgatifs. Hier matin, au cours d’une querelle, Vandeboeck trancha à coups de hache la gorge de sa compagne, qui mourut aussitôt. Son crime accompli, le meurtrier absorba un demi-litre de rhum. On le retrouva peu après gisant ivre-mort sur le seuil de sa porte. Vandeboeck a avoué son crime. 

Etrange phénomène Météorologique à Guesnain, article paru dans L’Écho nogentais du 1 octobre 1911







Etrange phénomène Météorologique 

Ces jours derniers vers 8 heures du soir, un phénomène lumineux s’est produit à Guesnain. Une grande barre de feu, dont l’un des bouts s’épanouissait en tulipe, est apparue dans le ciel, vers l’Est, tantôt verticale, tantôt horizontale, excitant la curiosité publique et donnant lieu aux plus extravagants commentaires. Les uns disaient que c’était le signe de la guerre, et des « vieux » prétendaient même qu’en juillet 1870, un signe mystérieux semblable était apparu dans le ciel. D’autres disaient que c'était un dirigeable qui, planant au milieu des nuages, dirigeait des projections électriques vers le sol pour pouvoir mieux se diriger ; mais cette hypothèse était d’autant plus inadmissible qu’on n’entendait aucun ronflement de moteur. Des observateurs qui ont pu examiner longtemps avec une longue-vue le point lumineux en question, estiment que c’était un phénomène purement météorologique.

Cambrioleurs chez le maire de Guesnain, Monsieur Leleu, un article paru dans le Journal des débats politiques et littéraires du 15 juin 1914







Cambrioleurs. Des malfaiteurs sel sont introduits hier après-midi vers trois heures chez M. Leleu, maire de Guesnain.. Ils ont ligoté la bonne et tiré des coups de revolver sur l'enfant de M. Leleu qui a été blessé grièvement. Les malfaiteurs ont fuit sans avoir rien voler. (De notre correspondant.)

SOUS L'OCCUPATION ALLEMANDE À GUESNAIN, article paru dans l'Humanité du 21 janvier 1915








SOUS L'OCCUPATION ALLEMANDE 
 DANS LA RÉGION DU NORD

Nous trouvons dans le Bulletin des réfugiés du Nord le texte d'une lettre reçue de Lille, en venant par Lausanne et qui a été adressée par le gouverneur allemand de cette ville en réponse à une demande de renseignements sur certaines personnes restées dans .le territoire envahi.

A la demande datée du 4 janvier, le gouverneur allemand répond comme suit « Les personnes dont vous m'avez donné l'adresse ne sont pas prisonnières de guerre, mais toute correspondance avec elles est rigoureusement interdite. » il s'ensuit donc qu'il n'est pas encore possible de correspondre avec les nôtres, puisque le gouverneur de Lille semble faire comprendre que les lettres qu'il, reçoit ne sont pas remises aux intéressés. D'autre part, un médecin de Tourcoing écrit :

Notre bonne ville est calme, le moral y est excellent, les vivres ne manquent pas. Les réquisitions s'opèrent avec ordre sous le contrôle de la mairie et de la chambre de commerce. Au moment de la Noël, il n'y avait guère plus de 3.000 à 4.000 Allemands à Tourcoing.

Enfin, un Anichois, qui a été otage, apporte les renseignements suivants sur les environs de Douai

Dechy, Guesnain, Lewarde, Auberchicourt et Aniche n'ont pas souffert depuis fin septembre. On affirme que les denrées alimentaires n'y ont jamais fait défaut et que bien des villages voisins iraient se ravitailler à Aniche et à Denain où les marchés se font d'une façon régulière. Dans ces deux dernières villes, les usines ont été respectées et aucun habitant n'a été inquiété. Nos familles, dans cette région, connaissent parfaitement la situation de nos armées et le bruit du canon qui se rapproche de plus en plus laisse espérer une prompte délivrance. Un hôpital est installé à Râches

UN ENFANT TUE. TROIS AUTRES GRIEVEMENT BLESSES PAR UNE GRENADE, article paru dans "La France Libre" du 4 octobre 1920







UN ENFANT TUE. TROIS AUTRES GRIEVEMENT BLESSES
Lille, 3 octobre. — On sait que les agriculteurs des régions dévastées ont coutume de placer les grenades trouvées dans des champs sur un tas de bois auquel ils mettent le feu ultérieurement ; l’éclatement de l’explosif ne se produit ainsi que lorsque les travailleurs ont eu le temps de s’éloigner. Aujourd’hui, trois enfants de la commune de Guesnain, près de Douai, ayant placé par mégarde un de ces engins sur un bûcher déjà allumé, l’explosion a été instantanée ; l’un des enfants, le petit Bernard, a été tué sur le coup, ses camarades Charles et Louis Gossiaux grièvement blessés.