Guesnain

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jeudi 12 février 2015

CE N'EST PAS D'HIER QUE LE TRAM DE DOUAI FAIT FRÉMIR. EN 1955, ON ENLEVAIT LES RAILS... AMBIANCE

En 1955, les habitants de Douai à Aniche pestaient déjà contre les travaux sur la route nationale 43 : route élargie, macadamisée et rails du tram enlevés, les tranchées étaient déjà d’actualité.




Quand le tramway reliant Douai à Aniche a été démonté, en 1955, Guy Dargelly avait huit ans. Aujourd’hui, ce retraité passionné qui fait partie de la société d’histoire locale d’Aniche, passe tout son temps dans les bibliothèques, médiathèques et photothèques. 




Au cours de ses recherches, il découvre, le jeu de mots est facile, une mine d’informations dans le journal Douai Mines édité par le groupe de Douai des Houillères du Nord-Pas-de-Calais, explique-t-il en sortant une pile de journaux. Il a été édité sur 20 ans, de fin 49 à fin 68 : il y a eu 224 numéros. » 
Le journaliste, qui n’a pas signé, la décrit en ces mots : « La Nationale 43, entre Douai et Aniche, intéresse tout le groupe de Douai. Cette route de Douai à Aniche (…), c'est à la fois l'épine dorsale et l'artère aorte du Groupe. L'itinéraire est court : 13 petits kilomètres ; il est banal : des corons, des villages, peu de champs ; il est usuel, courant, fréquenté ; il est - ou plutôt était - même folklorique, car ses pavés le rendaient bien de chez nous. » 

Nous sommes alors en 1955, et Douai Mines est distribué gratuitement aux mineurs, dans 20 000 foyers du Douaisis. Etat civil, travail du mineur, remises de médailles ou départ en retraite, ce journal raconte le quotidien des mineurs. Et en ce mois de novembre 1955, Douai Mines est à l’avant-garde et aborde un sujet qui fait toujours autant râler aujourd’hui : les travaux de la route reliant Douai à Aniche et le tram. « Il parle des travaux qui consistent à enlever les rails du tramway, explique Guy Dargelly, un sourire au coin des lèvres. Et les gens en ont un peu marre ! » C’est le moins qu’on puisse dire : le ton du journaliste est excédé et s’envole dans l’ironie.


« On sait qu'entre Douai et Aniche et vice-versa, nous sommes entrés dans l'ère des voyages surprise. (...) Les plaisanteries les courtes étant les meilleures, tout le monde peste, peu ou prou. Mais ce n'est pas une plaisanterie. Usagers ! On vous la rendra votre Nationale 43 ! On vous la rendra élargie, rectifiée, macadamisée, et même avec un joli petit pont au-dessus du passage à niveau de Sin-le-Noble. On nous la rendra c'est certain. Quand ? C'est là dessus que les avis sont partagés - et hélas les prévisions dépassées. On avait dit au 10 octobre et aux alentours du 10 novembre, on disait au 10 décembre en étant certain d'avance que ça n'est pas vrai. »
« Fini le souvenir du tram sur le côté de la route »
Visiblement, les travaux ont pris du retard. « Il y a un os dans le planning » comme le dit le journaliste. Le but de l’opération : recouvrir les pavés de macadam, élargir la route de 6 mètres à 9,50 mètres, pour pouvoir doubler facilement, ce qui effraie les Douaisiens. « Et déjà les timorés tremblent : on verra des fous faire de la vitesse, des malchanceux s'accrocher, des fous malchanceux se réduire en bouillie, peut-on lire dans l’article. Espérons que l'on n'en verra pas tant que ça. En tout cas, on - c'est-à-dire les piétons le verra de plus près, car les trottoirs ont été grignotés tantôt à droite, tantôt à gauche et tantôt des deux côtés. Fini, le souvenir du tramway sur le côté de la route. Finie aussi la grande surface du marché de Lewarde. »
« Piqueter des tranchées et des trottoirs »
Il y a 60 ans, nos ancêtres ont donc défait ce que nous sommes en train de refaire. Le tracé du tram d’aujourd’hui reprend exactement celui d’hier A l’époque pourtant, les rails du tramway, jugé obsolète, laissent place à une route lisse pour « l’affluence toujours grandissante de camions, touristes, scooters et mobylettes, sans compter les motos, cyclomoteurs ni les trucks transporteurs de l'entreprise Camus. »
« Costume d’autoroute »

Mais en attendant que tout ce petit monde puisse rouler sans encombre, ce sont des mois de galère pour les habitants. Et le journaliste d'expliquer que les automobilistes désertent la RN 43, lui préférant des cheminements plus calmes. Et on les comprend.  On a commencé, pourrait-on dire, partout à la fois : sage précaution car un travail « en bout » risquait de durer jusqu'à la fin des temps. Cinq entreprises sont à l'oeuvre. On les a vu démarrer rapidement ; faire des levés, piqueter des tranchées et des trottoirs, ouvrir des fouilles pour poser des drainages puis reboucher les trous. » Tout cela pour que la Route Nationale 43 fasse « une grande toilette » et enfile son « costume d’autoroute » . 

Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite...

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