Guesnain

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samedi 28 mars 2020

Le prix du pain à Guesnain, un article du Réveil du Nord du 22 août 1921 qui expose les problèmes alimentaires d'alors
















LE PRIX DU PAIN 

Variations trop sensibles 

Depuis plusieurs jours, nous publions des décisions de Municipalités du Nord et du Pas-de-Calais fixant le prix du pain à 1 franc le kilo. 
A notre connaissance, Valenciennes, Maubeuge, St-Amand, Somain, Marcq-en-Ostrevent, Guesnain, Bruay-sur-Escaut, Béthune, Bruay-les-Mines, Allouagne, Verquigneul, Verquin, Labourse, ont déjà pris cette vaillante initiative. S'inspirant de cet excellent exemple, d'autres communes suivront, si ce n’est déjà fait. 
A ce propos, une question se pose. Pourquoi le kilo de pain, de qualité identique, coûte-t-il 1 franc dans diverses localités et 1 fr. 10, 1 fr. 15, voire 1 fr. 20 ailleurs, dans des communes voisines ? C’est un problème que nous ne nous chargerons pas de résoudre. Pour le solutionner, il faudrait peut être connaître certaines données qui nous échappent. Le prix pratiqué à Maubeuge, Valenciennes, Béthune et dans maintes agglomérations peut parfaitement, semble-t-il, être établi partout dans notre région. Cette mesure serait d'autant mieux accueillie par nos populations que le coût de la vie, loin de diminuer, augmente d’une façon très sensible. Nous subissons les conséquences de la sécheresse et des spéculations qu’elle déchaîne. . . La diminution du prix du pain ne saurait compenser l’augmentation qui s'affirme sur d’autres produits ou denrées alimentaires de première nécessité. Les légumes atteignent des prix inabordables pour les familles ouvrières. A Lille, notamment, un chou véreux de la grosseur du poing, coûte aujourd'hui 1 fr. 50 et une botte de quelques carottes embryonnaires 2 fr. ou 2 fr. 25. Un modeste poireau, du diamètre d’un porte-plume écolier, se paie cinq sous, — plus cher qu’au temps de l'invasion ! Le beurre vient d’augmenter d'un franc au kilo et les œufs ne baissent pas, au contraire. 
Les bouchers maintiennent leurs prix. D’après nos renseignements, il apparaîtrait injuste de leur jeter la pierre car pour se fournir à l’abattoir, ils doivent consentir aux chevillards des ristournes de la main à la main, accepter des combinaisons mercantiles et subir, de la part de ces intermédiaires, des exigences dont l’acheteur fait tous les frais. Il est à prévoir qu’à l’entrée de l'hiver, toutes les denrées alimentaires vont gravir avec vigueur l’échelle de la hausse. Cette éventualité n’a pas échappé à la vigilance de nos organisations ouvrières. L’une des plus importantes de notre région, la Fédération des Mineurs du Nord et du Pas-de-Calais se propose, croyons-nous, de réclamer incessamment une augmentation des salaires, justifiée par les conditions économiques actuelles et leur imminente aggravation. Une taxe uniforme, imposant dans toutes nos communes, la vente du pain à 1 fr. le kilo, s’affirme comme une mesure de sage administration. Il appartient au Préfet de la généraliser. S’il n'entre pas dans ses attributions de l’établir, il a la faculté de la rendre effective, en refusant d’approuver les arrêtés des maires récalcitrants. Il est bien entendu qu’il ne peut en résulter aucune baisse des salaires. Ce serait aller à l’encontre de l’intérêt général et manœuvrer contre la paix sociale, plus nécessaire que jamais à notre pays. Entre autres résultats déplorables, la réduction des salaires, en diminuant la capacité d’achats des travailleurs, entraînerait la ruine du petit Commerce, qui ne vit que par eux. Mardi, notre Assemblée départementale va se réunir en session ordinaire. Celte question du prix du pain, de primordiale importance et d'indéniable ampleur sociale, ne saurait la laisser indifférente. Nous aimons à penser qu’elle sera résolue à l’avantage de la logique et de la collectivité.
E. Polvent.

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