Guesnain

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samedi 7 mars 2020

Tribunal correctionnel de Douai, une justice expéditive pour les uns et tendre pour les autres, dans le Réveil du Nord du 6 avril 1906









Article extrait de la page :







Tribunal correctionnel de Douai

ENTRAVE A LA LIBERTE DU TRAVAIL. — 
Charles D... de Monchecourt, est poursuivi pour avoir porté des coups à Roland Croenne, porion à la fosse Samt-René. à Guesnain, et avoir voulu empêcher ce porion de travailler. Le Procureur de la République abandonne l'accusation en ce qui concerne les coups et ne retient que le délit d'entrave à la liberté du travail 
Le plaignant ne reconnaît point d’une façon décisive son agresseur en l'inculpé qui était non gréviste et travaillait  pendant le chômage comme aide-maçon à Aniche
En délibéré. 
COUPS. — Un roufion de Waziers, Hubert Mériaux mineur, est condamné à  dix jours de prison et à 11 fr. d’amende pour coups portés le 29 mars à la femme Dumarquez et à son fils. 
UN POLTRON. — Henri Charlon, 31 ans. mineur a Pecquencourt, entendant frapper à sa porte pendant la nuit du 22 au 23 mars, prit peur et s’armant de son fusil sortit de sa demeure et tira sur les grévistes en patrouille qui s'éloignaient. L'un des patrouilleurs fut atteint fort légèrement dans le dos. Pour ce fait de haute bravoure, Charion est condamné à 25 francs d amende avec sursis.

UNE VICTIME DES COMPAGNIES. — Alphonse Dumont. 19 ans, mineur, domicilié à Fressain a empêché le 28 mars un camarade, le sieur Cornière, de se rendre au travail. Le sous-directeur prétend que Dumont était très surexcité et armé d’un bâton, ce que dément Cornière lui-même 
Le tribunal bienfaisant lui colle 15 jours de prison avec sursis 
LA BRUTALITÉ DU SOUS-DIRECTEUR DE LA FOSSE SAINT-RENE. — Le mineur Dumont a, en outre des 15 jours de prison dont l'a gratifié le tribunal, reçu un coup de bâton du sous-directeur de la fosse Saint-René, à Guesnain. Ce dernier a donc à répondre de violences sur un pauvre ouvrier mineur. Sans nier le fait en lui-même, le sous-directeur Maroquin dit avoir obéi à un mouvement instinctif, ce qui donne l'idée de la douceur de l'individu. En délibéré. 

LES REVOLTES DE ROUCOURT. - Le 6 mars, M. Millon, percepteur à Sin-le-Noble, a procédé à l'inventaire l'église de Roucourt. Il était accompagné de M. Favre commissaire spécial, du brigadier de gendarmerie Bocquet et de plusieurs gendarmes. Cette opération toute de conservation déplut au fils ainé et à la fille du maire Becquet de Mégille, ainsi qu’à Pollart père et à deux de ses fils. Outre l’inculpation de multiples et grossiers outrages adressés à ces autorités, ces énergumènes sont en outre prévenus de coups au brigadier Bocquet et à un autre gendarme. De plus, la fille de Mégille qui a frappé de ses petits poings ltocquet ne trouva rien de mieux que de cracher dans le dos de M. le commissaire spécial. A l’audience, les frères Pollart ont une déplorable attitude ; rageurs, ils démentent les dépositions des témoins. Charles Mégille et Clotilde ne nient point les faits portés à leur charge mais ne se rappellent plus, étant donné leur état de surexcitation (sic). Quant au père Pollart, il fait comme les héritiers du maire, il ne se rappelle de rien. M. Favre, commissaire spécial, et M. Bocquet font des dépositions des plus claires, où la culpabilité de chacun des accusés est mise en relief. M. Favre constate que le brigadier Bocquet a fait tout son devoir et a mérité des félicitations ; il déplore que le maire, seigneur de l'endroit, ne soit point intervenu pour protéger d'honnêtes fonctionnaires. 
Le jugement sera rendu ultérieurement. 
Cette dernière affaire nous permet de constater une fois de plus que la justice a deux poids et deux mesures. Les hobereaux de Roucourt et leurs serfs avaient commis un flagrant délit indiscutable. Ils se sont livrés à des violences sur des fonctionnaires chargés d’un service public qu'ils ont en outre copieusement outragé. Ils ne furent nullement mis en état d'arrestation et ils ne connurent pas les angoisses de la détention préventive. Or à celte même audience le tribunal confirme le mandat de dépot délivré contre cinq grévistes pris au hasard contre lesquels on ne relève aucune charge. Ils ont pourtant un domicile moins somptueux, il est vrai, que celui des dit de Mégille. L'un d’eux est marié, père de quatre enfants. Sa famille ignore ce qu’est devenu leur chef. Nous croyons savoir qu'ils ne passeront pas aujourd’hui devant le tribunal. Nous ne voulons pas croire qu’on les fera attendre jusqu'à jeudi prochain pour les juger. Le tribunal en effet tiendra audience mardi et mercredi. Et puisqu’ils ont arrêtés en flagrant délit, les dossiers doivent être constitués. Nous voulons croire en tout cas qu'ils seront mis en liberté provisoire.
Ces malheureux citoyens ont choisi notre ami Ecoffier pour présenter leur défense.

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