Guesnain

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lundi 9 février 2015

ÉMILE CAUDRELIER DE GUESNAIN A DISPUTÉ LE TOUR DE FRANCE 1913. LA VIE SPORTIVE EN REND COMPTE DANS SON ÉDITION DU 5 JUILLET 191

LA VIE SPORTIVE DU 5 JUILLET 1913 TITRAIT SUR LES NORDISTES DANS LE TOUR DE FRANCE

EN PAGE 7, L'ARTICLE COMPLET :

ET D'ABORD, LES CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA COURSE RETRANSCRITES CI-DESSOUS :



Le Tour de France 

par Paul BARNOLL 

Les trois premières étapes de la formidable randonnée à bicyclette que constitue le Tour de France sont courues. Les étrangers se sont taillés un succès appréciable. Mais il ne faudrait pas pour cela supposer que les nôtres soient hors de course. En considérant le nombre respectable de kilomètres restant à courir, les étapes , particulièrement dures qui attendent les chemineaux à partir de Bayonne, on doit logiquement admettre que beaucoup ont sagement agi en adoptant la course d'attente.
Les primes offertes par les « maisons » doivent être, à n'en pas douter plus alléchantes que les allocations réservées par les organisateurs à chaque étape et il est à présumer que les grands ténors ne se sont pas embarqués sans avoir le bon contrat en poche. Le classement se faisait cette année par addition des temps, il ne faudra guère  s'attendre à voir le peloton de tête lutter farouchement à l'emballage. Il y a trop de risque à courir dans la bagarre. Est-ce que vous pensez un seul instant que, comme pour l’arrivée à Cherbourg, les Lapize, Faber, Georget avaient intérêt à lutter à l’emballage, alors que le même temps était compté pour les 16 premiers, et que le règlement de la course, diminuait de moitié les prix de l'étape, pour ensuite partager cette moitié en seize parts. Risquer un accrochage général pour la somme de 29 francs par tête ? Au prix où sont les médicaments, le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Qui veut voyager loin ménage, sa monture. Aussi, je crois que le XI è Tour de France ne deviendra intéressant, qu'à partir des Pyrénées. Attendons. Lorsque nous en serons aux Tourmalet et aux Galibier, nous verrons ce qu’il restera des arrivées en peloton et des 30 minutes qui séparent actuellement, dans le classement général le premier du vingtième.
Ces arrivées en peloton sont du reste inévitables avec le règlement qui autorise les coureurs d'une même marque à faire le jeu et à entraîner le favori de l’équipe.
Il est assez facile à comprendre qu'un homme, forcé d'abandonner le peloton de tête à la suite d'un incident quelconque ait quelque difficulté à recoller ensuite lorsqu'il est livré à ses propres ressources. D'autant que ledit peloton, en se menant le train à tour de rôle a vite fait d’augmenter la distance qui le sépare du retardataire malgré lui. Que quelques camarades d'écurie viennent au secours de ce dernier, et les chances de rattraper le retard diminuent.
Lors de la première étape, ce rôle du jeu d’équipe semblait avoir échappé totalement aux coureurs d’Alcyon. C’est ce qui permit à Lapize, victime d'une crevaison de rejoindre les leaders une première fois, et ce n'est que 15 kilomètres avant l'arrivée, alors que Tatave était pour la seconde fois obligé de s’arrêter, qu'ils se décidèrent à forcer l'allure.
Pendant l’étape le Havre - Cherbourg, il y eut plus d'entente entre les différents groupements et il en résulta une arrivée en peloton compact qui fit bénéficier la caisse de l’U.V.F. d’une somme de 475 fr. 
Pour une fois, les belges ne « goûtaient avec cette plaisanterie »

Grâce à un service d’ordre plus énergique que nombreux, la foule fut maintenue tant bien que mal au départ de la Place de la Concorde où devait s’effectuer la formation du cortège qui faillit gagner le Parc des Princes où Desmarets devait faire l'appel des concurrents. À 2 h.55, les groupés précédant les Isolés, le peloton s'ébranla dans la direction de Saint-Cloud à 10 à l'heure au milieu d'une imposante haie de curieux Çe n’est qu’au pont que le signal du « lâchez tout » fut commandé. Les mains se crispèrent, sur le guidon et la meute démarra dans un nuage de poussière, attaquant, le premier des 5387 kilomètres: - 
À Clermont (79 km de Paris), 70 d'entre eux passent ensemble. À Montdidier (114 km), de 6 h. 40 à 7 h. 41,110 sont signalés. À Abbeville (194 km), ils ne sont plus que 40 dans le groupe de tête. A Dieppe (259 km ), leur 'nombre est réduit à 29 ; à Fécamp, à 16 ; et enfin, à l'arrivée, 7 hommes emballent au milieu de la, foule. 
L'italien Micheletto est légèrement détaché, Buysse, Masselis et Lauwers suivent à un pneu, et les autres sont tellement en paquet qu'il ne faut pas songer à établir un classement.
Les leaders ont mis 14 h; 9 mn 47s. pour courir les 398 kilomètres de cette première étape.
La seconde étape est particulièrement  monotone. 100 partants. À Caudebec, (49 km du Havre), 50 coureurs passent en tête. À Rouen (85 km), un peloton de 15 hommes en précède un autre de 10 à une minute d'intervalle, parmi lesquels se trouve Duboc qui reçoit de ses compatriotes une formidable ovation. À Deauville (170 km), le groupe de tète a repris toute son ampleur et c'est 40 coureurs qui apparaissent. À Caen (218 km), rien de changé. À Arromanche (255 km), ils sont 42. À Isigny (299 km), 2 ont disparu, et enfin, à Cherbourg, 16 hommes emballent prudemment. Masselis est premier, Petit-Breton deuxième et Delhaye troisième.
Les 13 autres sont : Buysse, Pélissier, Lapize, Garrigou, E. Georget, Lauwers,  Mottiat, Rossius, Meurger,  Masson, Christophe, Faber et Léturgie. Tous comptent le même temps, soit 12 h 20 mn 6 s. 
Micheletto, le vainqueur de la première étape, crève à deux kilomètres de l'arrivée, alors qu’il était dans le peloton de tête et termina dix-neuvième. 
Sur les 140 concurrents ayant pris le départ, un bon nombre sont actuellement hors de course : Crupelandt, Passerieu, Niedergang, Ménager, Micheletto, Brocco, Lapize, Cruchon et 38 isolés. Le déchet est assez coquet, et nous ne sommes qu'au début. 
Le classement général des 25 premiers, après les trois premières 'étapes : Paris - Le Havre (388 km ; Le Havre - Cherbourg (364 km), et Cherbourg - Brest (405 km), au total : 1.157 km, s’établit comme suit : 

1. Odile Delhaye (Belge), en 40 h 28’ 35"; 
2. Buysse, en 40h. 28mn 42 s
3. Rpssins, en 40 h. 33’ 32''
4. Christophe en 40h. 33mn 33s 
5. Pélissier, en 40 H 41mn 23 s
5. Emile Georget, en 40 h 41 mn 23 s
6. Coomans en 40 h  48mn 26 s ;,
7. Claeyssen en 40 h. 50 mn 41 s
8. Mottiat en 40 h 51 mn 25 s
9. Garrigou en 40 h 51 mn 27 s
10. Petit-Breton en 40 h 53 mn 56 s
11. Masson, en 40h 57 mn 21 s
12. Lauwers en 41 h 26 mn 18 s
13. Devroye, en 41 h. 27’ 20" ; 
14. Lambot, en 41 h. 51’ 50" ; 
15. Bertarelli, en 42 h. 07’ 38" ; 
10. Masselis, en 42 h. 13’ 35" ; 
17. Scieur, en 42 h. 31’ 29" ; 
18. Rohm, en 42h. 48’ 35" ; 
19. Salmon, en 42 h. 58’ 31 ; 
20. Spiessens, en 42 h. 58’ 39" ; 
21. Deloffre, en 43 h. 22’ ; 
22. Hosten, en 43 h. 26’ 35" ; 
23. Vandenberghe, en 43 h. 29’ 42" ; 
24. Vandenberghe, en 43 h. 42’ 29"-; 
25. Emile Engel, en 43 h. 49’ 06"

Classement général des isolés : 
1. Bertarelli ; 
2. Bolnn ; 
3. Deloffre ; 
4. Vanderberghe ; 
5. Neffati ; 
6. Everaerts ; 
7. Gabba ; 
8. Leliaerts ; 
9. Oudin ; 
10. Petitjean
Paul BARNOLL. 


 ET MAINTENANT, CE QUE FONT LES NORDISTES : 


Ce que font les nordistes
 par Arthur CAPART

Quand paraîtront ces lignes, trois étapes auront été courues sur les quinze que compte le Tour de France et le départ de la quatrième étape sera donné. 
Les coureurs auront déjà franchi, en trois jours, l'invraisemblable distance de 1.157 kilomètres et il leur restera encore à parcourir 4230 kilomètres. 

Un petit rien à la portée de toutes les jambes !
Nos voisins les belges et les coureurs de la région du Nord sont représentés par d’excellentes unités. Dans les 52 engagés de la catégorie des coureurs groupés nous avons noté 4 nordistes : Crunelandt, Léturgie et Niedergang (Roubaix); Doms (Forest) et 20 belges dont Deman (Reckem),  Defraye (Rumbecke), Masselis (Moorslede) et Vandaele (Mouscron).
Parmi les 109 coureurs isolés, il y a onze nordistes : Timmerman: et Delplace (Lille), Caudrelier (Guesnain), d'Hulst et Colsaet (Wattrelos), de Smet (Leers.), Deloffre (Le Cateau), Verbeken (Croix) ; Samyn (Armentières), Sales (Forest). et quelques belges, dont Plateau, Vandenberghe et Dupont.
Tous ces coureurs se sont présentés en excellente forme à l'exception, on le sait de Crupelandt
Malgré cette mise en infériorité, Crupelandt s'est comporté de façon magistrale et surprenante malgré des crevaisons dans chaque étape et une chute très douloureuse pour lui, déjà blessé, et provoquée par un chien.
Si le chien est-parfois l'ami de l’homme, il n'est pas souvent celui du coureur cycliste. 
Un moment, nous avions pensé que des soins énergiques et rapides lui permettraient de prendre le départ dans Cherbourg - Brest, mais cette fois il dut s'avouer vaincu par la malchance et s’incliner devant la douleur.
« La Vie Sportive » souhaite à Crupelandt un prompt et complet rétablissement, elle lui souhaite pour bientôt les brillants succès auxquels son courage et sa valeur lui donnent droit. 
Niedergang qui avait superbement marché dans la première étape, donnant même à des équipes adverses des conseils pour tirer avantage d’incidents de course, s'est lamentablement effondré dans Le Havre-Cherbourg. 
Il a bien essayé de prendre le départ de la troisième, mais il s'est arrêté aussitôt vaincu, paraît-il par des crises cardiaques. 
Doms, qui souffrait fortement du genou, signe au départ de la troisième étape, mais il abandonne bientôt. 
Léturgie s'est bien comporté dans la deuxième: étape, mais dans la troisième, il semble être disparu de la lutte. 
Defraye semble le plus régulier et le meilleur des belges, il est jusqu'à présent en tête du classement général et semble vouloir renouveler son exploit de l'an dernier. 
Mottiat semble vouloir confirmer de brillantes qualités et Masselis après avoir été en tête du classement général, rétrograde à la suite de la troisième étape, pendant laquelle il a fait une chute grave. 
Deman et d’Hulst hier souffraient des yeux. Dans la troisième étape, ils ont réussi quand même à se classer 31è et 37è. 
Ménager, Plateau, Verdickt, Delplace et Timmerman ont abandonné. Ces deux derniers coureurs ainsi que Dupont et quatorze autres isolés avaient été pénalisés dans la première étape parce qu’ils avaient omis  de se faire chronométrer avant de signer la feuille de contrôle à l'arrivée. 
Colsaet, Vandaele et De Smet, marchent régulièrement. S’ils continuent à maintenir leur moyenne, ils verront bientôt leur place s'améliorer dans  le classement général.
Ménager qui a été fortement blessé à Avranches durant la troisième étape, abandonne la lutte. 
Micheletto, qui avait fait un début remarquable est, lui aussi, hors de course. Mais le fait le plus important après la troisième étape, c'est le retrait du team La Française
Voilà certes un gros attrait, de moins pour le Tour de France et tous les sportsmen déplorent le départ forcé de Georget, qui se mettait en forme et s'étonneront de voir Lapize, une fois de plus, déserter la lutte.
Quelles surprises va encore nous réserver ce Tour de France plus émotionnant que jamais.
Arthur CAPART

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