Guesnain

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samedi 28 mars 2020

Guesnain a perdu un héros : OBSÈQUES SOLENNELLES DU LIEUTENANT-COLONEL LOUIS DEFONTAINE, dans l'Avenir du Tonkin du 29 juin 1925









OBSÈQUES SOLENNELLES DU LIEUTENANT-COLONEL LOUIS DEFONTAINE

La grande et belle famille militaire vieil d'être brusquement et cruellement frappée par la disparition d’un de ses membres don on connaîtra plus loin les remarquables qualités en lisant les discours qui, au cimetière de la route de Hué, ont été prononcés devant la tombe où reposeront désormais les restes mortels de M. le lieutenant colonel d'Infanterie Coloniale Louis Defontaine.

Et Hanoi a fait dimanche à ce grand et bon soldat des funérailles dignes de lui.

Dès 6 heures du matin, les hautes personnalités se pressaient à la porte de la chambre mortuaire dressée dans le dépositoire de l'hôpital de Lanessan, où veillait une garde d’honneur composée de M le lieutenant Costa et de M l'adjudant chef Rabut, pour saluer le cercueil, sur lequel on voyait le képi, l'épée, la tunique du défunt et ses nombreuses décorations et porter à Mme Veuve Defontaine l'hommage de leurs respectueuses  et douloureuses condoléances.

A 6 heures 30, les troupes de la garnison et les musiques aux instruments voilés de crêpe prenaient leurs emplacements, tandis que les couronnes aux rubans violets, aux rubans tricolores, les gerbes, les bouquets de fleurs venaient s’amonceler sur le char funéraire Elles avaient été envoyées par la veuve, par le frère du défunt, par les officiers de la garnison , par la province de Sontay ; par les officiers, les gradés et les soldats du neuvième Colonial, par la population de Tong, par les officiers, les gradés et les soldats de Tong, pour ne citer que quelques inscriptions parmi tant d’autres.
À 6h45, Monsieur le général en chef Andlauer, accompagné de son officier d’ordonnance, le commandant Lemoigne arrive ; il est accompagné de Monsieur Krautheimer , résident supérieur au Tonkin ; de Monsieur le général Benoist, commandant la division de l’Annam-Tonkin, de Monsieur l’intendant général Bosc, de Monsieur le général Delbecq, commandant d’artillerie en Indochine, de Monsieur le général Roussel, commandant la première brigade ; de Monsieur le général commandant la troisième brigade à Bac-Ninh, de Monsieur l’administrateur Dupuis, résident maire de Hanoï , de Monsieur l’administrateur Poulet-Osier, résident de France à Sontay, de Monsieur l’administrateur Wintrebert, résident de France à Bac-Ninh, récemment encore résident de Sontay.
L’élément militaire est extrêmement nombreux dans l’imposant cortège ; tous les officiers de la garnison, tous les gradés , tous les hommes aussi et ce spectacle touchant montre combien le défunt était aimé des uns et des autres.
Parmi les personnalités civiles, nous remarquons : Monsieur le directeur de l’administration judiciaire en Indochine Toussaint, Monsieur Lavallée directeur des PTT ; Monsieur le lieutenant colonel en retraite Bonifacy, Monsieur l’administrateur chef de cabinet du gouverneur général et Madame Bary , Monsieur l’avocat général de Danezat, Monsieur le commandant Grenés, Monsieur Demolle, débitant général des alcools à Sontay, membre de la chambre de commerce ; Monsieur L Michelot. Les familles d’officiers sont là aussi ; là aussi les délégations de tous les corps et services ; Monsieur le lieutenant Lemaire, de la Légion Étrangère, Monsieur H. de Massiac, représentant l’Avenir du Tonkin.
Le révérend père Petit, aumônier, vient procéder à la levée du corps ; les troupes portent les armes et l’absoute est donnée dans la chapelle de l’hôpital de Lanessan où la maîtrise du RP Depaulis chante les champs liturgiques.
Puis, avec le cérémonial accoutumé, les fanfares et les porteurs de couronnes , précédant le char funèbre, les troupes formant une longue haie, l’arme sous le bras, la foule recueillie et attristée gagne, sous le soleil de plomb, le cimetière de la route de Hué, tandis que les échos des marches funèbres emplissent l’air.
Le RP Petit récite les dernières prières de l’Église, puis, le premier, Monsieur le colonel Bernard, commandant le 9è colonial prend la parole.

Mon général, Messieurs,

La mort vient de faucher à Hanoi, l’un des plus brillants soldats de l’armée coloniale. Elle l’a fait avec une brutalité déconcertante et nous tous, qui connaissons le lieutenant-colonel Defontaine, si vigoureux, si vif si alerte, nous ne sommes pas encore revenus de notre stupeur. Lors d’une toute récente inspection du camp de Tong, je l’avais quitté plein de santé, étincelant de verve et de jeunesse, s’acquittant avec l’aisance et l’agilité d’un sous-lieutenant de sa tâche si active est si lourde de commandant du camp et de directeur de l’instruction. Or, voici que, rentrant d’une courte absence à Haiphong, je le retrouve ici agonisant, et que, le jour suivant, j’apprends sa mort. Le régiment entier, ses chefs, ses inférieurs, tous ses camarades ont éprouvé de cette fin si rapide et si inattendue la plus profonde et la plus douloureuse émotion.
Il m’appartient, à moi qui fus son chef direct et son ami, de rappeler en quelques mots la carrière si méritoire et si bien remplie du colonel Defontaine et de souligner ainsi combien grande, combien irréparable, est la perte éprouvée du fait de sa disparition, par le neuvième colonial et par l’armée coloniale toute entière.
Né à Guesnain, (département du Nord), le 29 décembre 1871, entré au service le 12 novembre 1892, Louis Defontaine était admis, six ans et demi plus tard, à l’école militaire d’infanterie, d’où il sortait le 1er avril 1900 avec l’épaulette de sous-lieutenant. Il s’affirma d’emblée comme un officier extrêmement zélé , vigoureux, intelligent et fanatique de sa profession.
Parti au Tonkin l’année suivante, affecté au premier régiment de tirailleurs Tonkinois, et détaché dans le Haut Fleuve Rouge, il s’y prenait du premier jour, d’une belle passion pour l’étude des races indigènes et de la langue mandarine ou quan-hoa, dans laquelle il devait bientôt exceller.
Vigoureux cavalier, Chasseur hors-ligne, aimant les indigènes et aimer deux, il rendez, dans le cercle de la OK, des services qui furent hautement apprécié.
Ce rude noviciat dans la brousse la plus sauvage, en développant au plus haut point sa vigueur physique et son esprit d’initiative, lui avait, en même temps, inculqué pour toujours , Un goût très vif pour les dialecte nazi et, peu après sa rentrée en France, inscrit comme élève régulier à l’école des langues orientales, il y obtenait le brevet de langue chinoise qui est l’un des plus difficiles à conquérir.
En juin 1907, ses connaissances spéciales, firent affecter le lieutenant Defontaine au corps d’occupation de Chine où, tout en accomplissant avec sa conscience et sa vigueur habituelle son service d’officier de troupe, il rendait à la Légation de France, du fait de sa parfaite connaissance de la langue du pays, les services les plus signalés.
Pour cette collaboration si précieuse, il ne recevait successivement du ministre de la guerre de témoignage officiel de satisfaction. Bientôt après il publié à lexique militaire franco-chinois, œuvre remarquable dont la création c’était imposé et qui, si mes renseignements sont exacts, est devenu à Tsien Tsin, un véritable livre de chevet.
En mai 1910, appelé à remplacer aux grandes manœuvres chinoises l’attaché militaire de France absent, il obtenait une « citation au bulletin officiel » pour les services exceptionnels rendus par lui à cette occasion.
Entre-temps, à chacun de ses séjours en France, Defontaine continuait à se signaler par son dévouement inlassable, son intelligence, sa vigueur, sa passion pour le « travail extérieur » et pour « l’étude ». Ce sont là les caractéristiques essentielles de la laborieuse existence de cet officier aussi remarquablement doué qu’il était modeste et foncièrement méritant.
La Grande guerre allait achever de consacrer son mérite. Le capitaine Defontaine s’y révéla, dès le premier jour, comme un chef de grand talent et de la plus haute énergie. Commandant de compagnie de mitrailleuses, puis chef de bataillon, il se distingue, en toute occasion, par sa bravoure, son sang-froid et son activité. Je ne retracerai pas ici la suite des faits et gestes de guerre de notre vaillant et regretté camarade.
Il me suffisent de vous dire que leur noblesse, leurs valeurs et leur qualité du plus pur à loi sont accusés, mieux que par des discours par la simple numération suivante :
une blessure par éclat d’obus (bataille de la Somme)
Une seconde blessure par éclat d’obus (Bois Leprêtre)
Trois citation à l’ordre de l’indivision,.
Une citation à l’ordre de l’armée.
Successivement, crois et rosette de la Légion d’honneur.
Le commandant Defontaine sorti de la guerre grandi, très en vedette, indiqué à l’attention du commandement pour les grades élevés de la hiérarchie.
Il s’était révélé, au cours de toute sa carrière, comme remarquablement doué à tous égards, notamment, a écrit avec raison l’un de ses chef de corps, sous le rapport du caractère, de la volonté et de la puissance de travail.
Il fit preuve des mêmes qualités, en Sibérie, en 1919, comme membre de la fameuse mission militaire du Général Jannin à laquelle, de la déclaration de cet officier général, il rendit les plus grands services.
De retour en Chine, au 16e colonial, il y était de nouveau l’objet des appréciations les plus élogieuses, appréciations qui se continuaient néanmoins brillantes, au 14e régiment de tirailleurs sénégalais et enfin au neuvième colonial à Hanoi où il recevait, le 25 septembre 1924, les galons de lieutenant colonel.
J’ai été son dernier chef, je viens de le voir à l’œuvre pendant huit mois et non seulement je souscris aux éloges si souvent faits du colonel Defontaine par ceux qui ont eu, avant moi, l’honneur de l’avoir pour collaborateur, mais je considère comme de mon devoir de les souligner encore et de les renforcer. Defontaine fut, dans toute l’ampleur du terme, « un homme de devoir ». Toute sa vie, il se dépensa sans ménagement à cœur et à corps perdu, pour le service de la France. Toute sa vie est et doit rester pour nous la plus belle et la plus magnifique leçon. Toute la nôtre, nous en garderons souvenir.
Puisse nos regrets ému, nos témoignages de sympathie compatissante et respectueuse adoucir l’immense douleur de sa chair est vaillante compagne si cruellement éprouvée par le sort.
Colonel Defontaine, avant que  cette tombe ne se referme définitivement sur vous, laissez-moi vous adresser au nom du neuvième colonial que vous avez si grandement honoré, un suprême et dernier adieu.
Monsieur l’administrateur Poulet-Osier osier, résident de France Sontay, prend la parole après Monsieur le colonel Bernard.
Mesdames, Messieurs,
Au nom de la population de Sontay , je viens m’incliner respectueusement devant la dépouille mortelle du colonel Defontaine, notre regretté commandant d’armes dont la brusque disparition nous plonge tous dans une douloureuse stupeur.
Une vive émotion m’étreint personnellement, car je ressentais pour le défunt une sincère amitié.
Ce valeureux soldat dont la poitrine scintillante de décorations attestait la vaillance et la bravoure, par quelle ironie du sort expire-t-il jeune encore sur un lit d’hôpital, alors que l’aile de la mort l’avait vainement frôlé au cours des périodes de combats qu’il avait maintes fois affrontés pour défendre notre cher et vénéré drapeau. Quel cruel fatalité !
Hier encore le colonel vivait parmi nous plein de force, d’entrain et de gaieté et aujourd’hui il n’est plus ! Le mal qui l’a attaqué était si violent que les soins empressés et dévoués qui lui ont été prodigués ont été impuissants à le conserver à son épouse éplorée , à ses proches et à ses amis. De ceux-là le nombre était considérable. Le défunt n’était-il pas en effet la sympathie même, le dévouement personnifié ? 
L’agrément partage le cercle de ses intimes.
Pour ma part je n’oublierai jamais l’accueil si cordial qu’il m’avait réservé lorsque j’ai pris la direction de la province de Sontay . J’étais immédiatement conquis par l’élévation de son caractère, par sa simplicité et sa distinction de manières , par son affabilité et son exquise bonté.
De ce premier contact, de notre communauté de souvenirs et aussi de notre ancienne confraternité d’armes étaient nés de puissants liens d’amitié. On avait l’illusion réciproque de s’être toujours connus et affectionnés .
Notre parfaite entente nous incitait mutuellement à nous employer sans cesse à maintenir et à fortifier chez nos compatriotes l’esprit de Concorde et l’harmonie qui doivent toujours présider à notre vie coloniale, afin de créer pour ainsi dire parmi nous des groupements familiaux, n’ayant à travers nos divergences d’opinions qu’un seul culte incontesté, celui de la patrie bien aimée . Hélas le colonel n’est plus ! La mort à passé et cette inexorable Parque l’a traitreusement terrassé
Né à Guesnain, (département du Nord), le 29 décembre 1871, entré au service le 12 novembre 1892, Louis Defontaine était admis, six ans et demi plus tard, à l’école militaire d’infanterie, d’où il sortait le 1er avril 1900 avec l’épaulette de sous-lieutenant. Il s’affirma d’emblée comme un officier extrêmement zélé , vigoureux, intelligent et fanatique de sa profession.
Parti au Tonkin l’année suivante, affecté au premier régiment de tirailleurs Tonkinois, et détaché dans le Haut Fleuve Rouge, il s’y prenait du premier jour, d’une belle passion pour l’étude des races indigènes et de la langue mandarine ou quan-hoa, dans laquelle il devait bientôt exceller.
Vigoureux cavalier, Chasseur hors-ligne, aimant les indigènes et aimer deux, il rendez, dans le cercle de la OK, des services qui furent hautement apprécié.
Ce rude noviciat dans la brousse la plus sauvage, en développant au plus haut point sa vigueur physique et son esprit d’initiative, lui avait, en même temps, inculqué pour toujours , Un goût très vif pour les dialecte nazi et, peu après sa rentrée en France, inscrit comme élève régulier à l’école des langues orientales, il y obtenait le brevet de langue chinoise qui est l’un des plus difficiles à conquérir.
En juin 1907, ses connaissances spéciales, firent affecter le lieutenant Defontaine au corps d’occupation de Chine où, tout en accomplissant avec sa conscience et sa vigueur habituelle son service d’officier de troupe, il rendait à la Légation de France, du fait de sa parfaite connaissance de la langue du pays, les services les plus signalés.
Pour cette collaboration si précieuse, il ne recevait successivement du ministre de la guerre de témoignage officiel de satisfaction. Bientôt après il publié à lexique militaire franco-chinois, œuvre remarquable dont la création c’était imposé et qui, si mes renseignements sont exacts, est devenu à Tsien Tsin, un véritable livre de chevet.
En mai 1910, appelé à remplacer aux grandes manœuvres chinoises l’attaché militaire de France absent, il obtenait une « citation au bulletin officiel » pour les services exceptionnels rendus par lui à cette occasion.
Entre-temps, à chacun de ses séjours en France, Defontaine continuait à se signaler par son dévouement inlassable, son intelligence, sa vigueur, sa passion pour le « travail extérieur » et pour « l’étude ». Ce sont là les caractéristiques essentielles de la laborieuse existence de cet officier aussi remarquablement doué qu’il était modeste et foncièrement méritant.
La Grande guerre allait achever de consacrer son mérite. Le capitaine Defontaine s’y révéla, dès le premier jour, comme un chef de grand talent et de la plus haute énergie. Commandant de compagnie de mitrailleuses, puis chef de bataillon, il se distingue, en toute occasion, par sa bravoure, son sang-froid et son activité. Je ne retracerai pas ici la suite des faits et gestes de guerre de notre vaillant et regretté camarade.
Il me suffisent de vous dire que leur noblesse, leurs valeurs et leur qualité du plus pur à loi sont accusés, mieux que par des discours par la simple numération suivante :
une blessure par éclat d’obus (bataille de la Somme)
Une seconde blessure par éclat d’obus (Bois Leprêtre)
Trois citation à l’ordre de l’indivision,.
Une citation à l’ordre de l’armée.
Successivement, crois et rosette de la Légion d’honneur.
Le commandant Defontaine sorti de la guerre grandi, très en vedette, indiqué à l’attention du commandement pour les grades élevés de la hiérarchie.
Il s’était révélé, au cours de toute sa carrière, comme remarquablement doué à tous égards, notamment, a écrit avec raison l’un de ses chef de corps, sous le rapport du caractère, de la volonté et de la puissance de travail.
Il fit preuve des mêmes qualités, en Sibérie, en 1919, comme membre de la fameuse mission militaire du Général Jannin à laquelle, de la déclaration de cet officier général, il rendit les plus grands services.
De retour en Chine, au 16e colonial, il y était de nouveau l’objet des appréciations les plus élogieuses, appréciations qui se continuaient néanmoins brillantes, au 14e régiment de tirailleurs sénégalais et enfin au neuvième colonial à Hanoi où il recevait, le 25 septembre 1924, les galons de lieutenant colonel.
J’ai été son dernier chef, je viens de le voir à l’œuvre pendant huit mois et non seulement je souscris aux éloges si souvent faits du colonel Defontaine par ceux qui ont eu, avant moi, l’honneur de l’avoir pour collaborateur, mais je considère comme de mon devoir de les souligner encore et de les renforcer. Defontaine fut, dans toute l’ampleur du terme, « un homme de devoir ». Toute sa vie, il se dépensa sans ménagement à cœur et à corps perdu, pour le service de la France. Toute sa vie est et doit rester pour nous la plus belle et la plus magnifique leçon. Toute la nôtre, nous en garderons souvenir.
Puisse nos regrets ému, nos témoignages de sympathie compatissante et respectueuse adoucir l’immense douleur de sa chair est vaillante compagne si cruellement éprouvée par le sort.
Colonel Defontaine, avant que  cette tombe ne se referme définitivement sur vous, laissez-moi vous adresser au nom du neuvième colonial que vous avez si grandement honoré, un suprême et dernier adieu.
Monsieur l’administrateur Poulet-Osier osier, résident de France Sontay, prend la parole après Monsieur le colonel Bernard.
Mesdames, Messieurs,
Au nom de la population de Sontay , je viens m’incliner respectueusement devant la dépouille mortelle du colonel Defontaine, notre regretté commandant d’armes dont la brusque disparition nous plonge tous dans une douloureuse stupeur.
Une vive émotion m’étreint personnellement, car je ressentais pour le défunt une sincère amitié.
Ce valeureux soldat dont la poitrine scintillante de décorations attestait la vaillance et la bravoure, par quelle ironie du sort expire-t-il jeune encore sur un lit d’hôpital, alors que l’aile de la mort l’avait vainement frôlé au cours des périodes de combats qu’il avait maintes fois affrontés pour défendre notre cher et vénéré drapeau. Quel cruel fatalité !
Hier encore le colonel vivait parmi nous plein de force, d’entrain et de gaieté et aujourd’hui il n’est plus ! Le mal qui l’a attaqué était si violent que les soins empressés et dévoués qui lui ont été prodigués ont été impuissants à le conserver à son épouse éplorée , à ses proches et à ses amis. De ceux-là le nombre était considérable. Le défunt n’était-il pas en effet la sympathie même, le dévouement personnifié ? 
L’agrément partage le cercle de ses intimes.
Pour ma part je n’oublierai jamais l’accueil si cordial qu’il m’avait réservé lorsque j’ai pris la direction de la province de Sontay . J’étais immédiatement conquis par l’élévation de son caractère, par sa simplicité et sa distinction de manières , par son affabilité et son exquise bonté.
De ce premier contact, de notre communauté de souvenirs et aussi de notre ancienne confraternité d’armes étaient nés de puissants liens d’amitié. On avait l’illusion réciproque de s’être toujours connus et affectionnés .

Notre parfaite entente nous incitait mutuellement à nous employer sans cesse à maintenir et à fortifier chez nos compatriotes l’esprit de Concorde et l’harmonie qui doivent toujours présider à notre vie coloniale, afin de créer pour ainsi dire parmi nous des groupements familiaux, n’ayant à travers nos divergences d’opinions qu’un seul culte incontesté, celui de la patrie bien aimée . Hélas le colonel n’est plus ! La mort à passé et cette inexorable Parque l’a traitreusement terrassé sans souci des douleurs qui en résulteraient dédaigneuses de nos légitimes révoltes contre sa cruauté, rappelant une fois de plus à nos méditations sa dure nécessité et l’angoissant mystère de l’au-delà.
À Madame Defontaine qui avait pour son mari une affection profonde bien partagée par le défunt, nous présentons l’hommage de nos condoléances bien sincèrement attristées .
Je n’entreprendrai point de lui adresser de vaines paroles de consolation qui tomberaient sans écho dans l’abîme de sa douleur. Mais elle puisera du moins le courage nécessaire pour supporter cette cruelle épreuve dans son ardente foi chrétienne et l’immortelle espérance d’une vie future ou les âmes d’élite comme celles de notre regretté défunt se retrouvent à jamais !
Dormez en paix, cher colonel et que votre dernier sommeil soit doucement bercée par le souvenir fidèle de vos nombreux amis qui garderont pieusement votre mémoire.
Enfin, Monsieur le général de division Benoist, commandant la division de l’Annam Tonkin, élogie magnifiquement en ces termes le regretté disparu.

Mon cher Defontaine,
Lorsque, mercredi matin, j’appris que vous veniez d’être transporté à l’hôpital d’Hanoi et que déjà, votre état inspirait de fortes inquiétudes, j’en fus aussi profondément que douloureusement surpris.

Il y a 15 jours à peine, en effet, au cours de ma dernière inspection à Tong, je vous voyais encore plein de vie et de santé, toujours animé de la même activité débordante et préoccupé uniquement de la bonne marche de l’instruction de vos troupes et de la bonne exécution des services dont vous étiez chargé.
Rien, à ce moment-là, n’autorisait à prévoir la maladie terrible qui allait vous terrasser en quelques jours.
Aussi votre perte n’en est que plus vivement ressentie par tous ceux qui vous connaissent et, en particulier, par tous les officiers et hommes de troupe de la division d’Annam-Tonkin.
 Le coup terrible qu’est toujours pour une épouse chérie la disparition d’un mari tendrement aimé par sa soudaineté particulièrement rude pour vous Madame, et c’est avec une émotion profonde qu’en mon nom et en celui de tous les officiers et hommes de troupe du corps d’occupation, je m’incline aujourd’hui devant vous et que je dépose au pied de ce cercueil l’hommage des sentiments de haute estime et de fraternelle affection que nous avions tous pour le lieutenant-colonel Defontaine.
Depuis le début de sa carrière, le lieutenant-colonel Defontaine n’a cessé de faire preuve d’un absolu dévouement à ses devoirs, de profonds sentiments de discipline et d’abnégation et d’un zèle qui n’a jamais failli.
Avec cela, très énergique, ayant la passion du grand air et des fatigues, prêchant toujours l’exemple, il était à tous égards le type accompli de l’excellent officier, hautement apprécié de tous les chefs sous les ordres desquels il a servi, estimé et aimé de tous ses camarades et de tous ses subordonnés.
La Grande guerre le trouve en Chine ; mais un homme tel que lui ne pouvait rester longtemps éloigné du champ de bataille et, dès la fin de 1914, il est sur le front de France.
Il allait avoir l’occasion de donner sa mesure ; il n’y a pas manquer.
Entraîneur d’hommes, toujours prêt à payer de sa personne, il fut un de ces chefs de guerre admirables, au coup d’œil sûr et au jugement sain, qui ont fait la force de notre armée et la gloire de notre pays.
Aussi, en moins de deux ans, il est blessé deux fois et quatre magnifiques citations attestent ses mérites.
Malheureusement, la blessure reçue par lui le 1er juillet 1916, lors de la glorieuse offensive du premier corps d’armée colonial sur la Somme, est grave et entraîne son évacuation et son éloignement du front.
En 1918, nous le retrouvons en Sibérie où sa connaissance approfondie des affaires d’Extrême-Orient et de la langue chinoise l’on fait désigner pour faire partie de la mission Jannin.
Enfin, après un nouveau séjour en Chine et un court passage dans un régiment de France, il revient en Indochine où, après avoir exercé diverses fonctions, il dirigeait d’une façon parfaite, les centres d’instruction de Tong où son passage laissera, j’en suis certain, une empreinte ineffaçable. 
Mais, si le lieutenant-colonel Defontaine, fut à tous égards, un parfait soldat et un chef éminent, il fut aussi un travailleur infatigable et un linguiste distingué.
Connaissant à fond la langue chinoise, il en a profité pour rendre de nouveaux et signalés services à son pays, ce qui ne lui a pas valu moins de quatre témoignages officiels de satisfaction du ministre pour les services exceptionnels rendus par lui à la Légation de France en Chine au cours des deux séjours qu’il fit dans ce pays, de 1907 à 1909 et 2912 à 1914.
Enfin, si vous êtes seule , Madame, à avoir pu apprécier pleinement les magnifiques qualités de cœur de celui qui nous quitte, tous ceux qui l’ont approché ont pu juger de l’aménité de son caractère, et ses subordonnés pourraient témoigner ici de la grande bienveillance qu’il ne manquait jamais d’allier à une juste fermeté.
Aussi, la disparition du lieutenant-colonel Defontaine n’est pas seulement un deuil particulièrement cruel pour sa veuve et pour sa famille, mais un deuil pour les troupes de l’Indochine, pour l’armée et  pour la France qui perd en lui un de  ces serviteurs dévoués qui font la force et la gloire de notre chère Patrie.
S’il n’a pas eu l’honneur de tomber glorieusement sur le champ de bataille, il n’en est pas moins vrai que, comme c’est le cas pour tant d’autres combattants, les fatigues excessives et le surmenage intellectuel qu’il s’est imposé pendant la Grande guerre ont certainement hâté son trépas .
C’est pourquoi, après une existence toute d’honneur, de travail et d’abnégation, entièrement consacrée au service du pays, nous pouvons affirmer qu’il lui a, finalement, donné sa vie elle-même.
 aussi, son souvenir restera profondément gravé dans nos cœurs et il sera pour tous ses camarades, pour tous les officiers, le modèle, que tous, nous nous efforcerons d’imiter.
Puisse Madame, le témoignage de la haute estime à laquelle nous le tenons et des regrets unanimes qu’il laisse parmi nous, apporter une légère atténuation à votre immense douleur.
 en mon nom et au nom de toutes les troupes du corps d’occupation d’Indochine et de l’armée française tout entière, mon cher Defontaine, une dernière fois adieu.
Nous renouvelons à Madame Veuve Defontaine , et à sa famille ; à Monsieur le général commandant supérieur, un Messieurs les officiers, aux gradés, aux militaires, du corps d’occupation, aux amis, l’expression de nos biens vives condoléances.





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