Guesnain

Guesnain

mardi 21 avril 2020

Un article sur les mineurs du Nord et leurs dures conditions de travail à Guesnain, un article paru dans le journal "L'Intransigeant" du 21 décembre 1883. Extrait d'un discours de Basly










LES MINEURS DU NORD


Une importante réunion vient lieu à Denain, composée de délégués des syndicats de Vieux-Condé, Hergnies, Fresnes-le-Trieux, Fresnes-le-Midi, Onnaing, Anzin, Bruay, Vicoigne, La Sentinelle, Saint-Waast, Herrin, Haveluy, Wallers, Helesmes, Lourches, Abscon, Escaudain, Erre, Fenain, Somain, Aniche, Monchecourt, Pecquencourt, Dechy, Guesnain, Sin-le-Noble, Waziers, Dorignies, Denain, qui ne comprennent pas moins de 1,500 mineurs. 
La réunion a eu lieu à trois heures, salle de l'Hermitage ; 80 délégués étaient présents. 
Du remarquable discours du citoyen Basly nous citons le passage suivant :
Sous le prétexte que les machines qui font mouvoir les cages sont d'une force trop grande pour le peu de profondeur de la fosse (200 mètres), la Compagnie a exigé des mineurs qu'ils descendissent par les échelles, et quand ils se présentèrent samedi matin, à l’entrée des puits, on leur déclara qu'à l'avenir ils n’auraient à se servir que de ce moyen de descente. On sait combien ce système est pénible et dangereux ; de plus, l’eau dégouttant constamment des parois lorsque des ouvriers atteignent le niveau d'extraction, ils se trouvent mouillés jusqu'aux os. 
Les ouvriers n'acceptèrent point cette transformation et se retirèrent au nombre do 430.
Ce sont, on le voit, des vexations continuelles. Il y a quelques jours les mineurs de Bruay voulaient également se mettre eu grève par suite du renvoi de plusieurs de leurs camarades. C'est sur nos instances qu'ils ont bien voulu attendre.
A Dorignies le même fait s’est produit. La Compagnie a voulu imposer un travail épouvantable pendant la quinzaine Sainte-Barbe. 
Exténués, les mineurs refusaient de descendre dans la fosse et ce n’est-qu’à force de démarches qu'on a pu les convaincre que le syndicat pouvait seul s’occuper de, cette question d’une façon sérieuse. 
Cependant, conclut le délégué, ne précipitons rien, mettons en demeure les capitalistes de réintégrer nos camarades ; faisons pour cela appel aux pouvoirs publics, et si les proscriptions et les aggravations de travail dont nous sommes victimes ne cessent, alors nous aurons recours à la grève et ferons appel à la solidarité de nos frères de travail
Cette manière de procéder, a été acceptée par la réunion, qui n’a pas cessé d’être très calme.

Émile Basly, né le  à Valenciennes, et mort le  à Lens, à l'âge de 74 ans, est un syndicaliste et homme politique français. Une des grandes figures du syndicalisme dont il est l'animateur et le pilier pendant vingt ans dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, avec Arthur Lamendin, il fait ensuite une carrière politique à Lens, où son nom est indissociable de la ville, et passe à la postérité pour avoir inspiré à Émile Zola le personnage d'Étienne Lantier dans Germinal.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire