Il boit un litre de rhum après avoir tué sa femme
DOUAI (dép. part.). — Un horrible drame s'est déroulé, ce matin, au hameau du Marais, à Guesnain, en pleins champs. Dans une maisonnette couverte en chaume habitent, depuis deux ans, Edmond Vandeboued, âgé de quarante-huit ans, maçon aux mines de l'Escarpelle, et Julie Dewaçhter, âgée de cinquante-trois ans, originaires de la Belgique. Ils étaient en ménage depuis quinze ans et l'entente semblait régner entre eux. Lui gagnait de bons salaires, mais il s'enivrait volontiers, et elle, très économe, était obligée de cacher l'argent qu'elle parvenait à mettre de côté.
Mais depuis huit jours les querelles s'élevaient fréquentes entre les concubins.
Vandeboued prétendait entrer en possession d'une somme de 700 francs cachée par sa compagne, afin d'acheter une parcelle de terre attenante à sa propriété, et comme cette dernière ne voulait pas céder, il se livrait sur elle à des violences et affirmait qu'il se débarrasserait d'elle. Dans ce but, il lui faisait avaler de fortes doses de purgatifs divers.
Ce matin vers 6 h. 30 une voisine, Mlle Alice Lemaitre, entra chez Vandeboued, pour offrir du café au faux ménage. Tandis qu'elle était là, une violente querelle s'éleva et l'homme, saisissant à bras-le-corps sa compagne encore couchée, la jeta sur le sol. Mlle Lemaître s'enfuit et prévint une autre voisine, Mlle Brillon, qui voulut voir ce qui se passait ; mais Vandeboued lui ferma la porte au nez, en disant :
— Julie dort ; il faut la laisser tranquille !
Un peu plus tard, Vandeboued sortit et s'en fut dire à Mlle Lemaître :
— Julie est morte; elle a la tête fendue !
Mlle Brillon, avisée, entra dans la maison. Presque sur le seuil, le maçon gisait, inanimé, dans la chambre à coucher. Julie Dewachter était étendue, morte, sur son lit, le visage ensanglanté, la gorge ouverte.
La gendarmerie fut aussitôt prévenue, ainsi que le parquet. On constata alors que la femme avait eu le larynx et la carotide tranchés avec un instrument qu'on n'a pu retrouver et que le meurtrier a sans doute jeté dans le puits de la maison. Quant à Vandeboued, qu'on croyait empoisonné, il était simplement ivre mort. Il avait absorbé, après son crime, un litre de rhum.
Sorti ce soir de la torpeur dans laquelle l'avait plonrre l'ivresse, Vandeboued a pu être interrogé par M. Certeux, juge d'instruction. Il a avoué son crime, qu'il a accompli avec une hache retrouvée dans une malle
Le verdict dans l'Eclair du 25 juillet 1914
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