Guesnain

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mercredi 9 décembre 2020

LA BATAILLE DES MINEURS DANS L'HUMANITÉ DU 20 FÉVRIER 1923

 LA BATAILLE DES MINEURS DANS L'HUMANITÉ DU 20 FÉVRIER 1923





Dans les bassins du Nord et d'Anzin 
 Le cap du lundi est franchi merveilleusement 

Douai, 19 février : « Ce sera dur, mais il y a bon espoir » me disaient hier tous les camarades avec qui j'ai pu causer. Ç'a été dur, en effet, mais le cap du lundi a été merveilleusement franchi et, aujourd'hui, les grévistes de samedi se sont tous retrouvés. 
  De bon matin, en compagnie de Lauridan, nous sommes embarqués pour une visite générale de tout le bassin. Premier arrêt : Dechy, centre où les réformistes dominaient. Nous voulions voir un camarade unitaire, mais on nous dit qu'il est couché. Ça se comprend, il a ■ « patrouillé » toute la nuit. Nous en trouvons un autre en train, des se débarbouiller : 
— Alors, ça va ? 
—. Ça va, ça va, 50 descentes pas plus. En route pour Guesnain. Ici, la situation est encore meilleure. Même pas 15 descentes, malgré que l'ingénieur et les gendarmes soient allés tenter un racolage dans les cités. A Lewarde, pas de descentes. Nous filons sur Masny. A la fosse Vuillemin, on compte des défaillances, aussi elle présente quelque activité. La patronne de l'estaminet voisin se vante auprès de nous d'avoir, dans la nuit, donné à boire à des artilleurs qui ont veillé sur la fosse. Elle tombe bien, la patronne. Ici, en somme, seuls les unitaires ont tenu le coup. A Ecaillon, le nombre des grévistes s'est maintenu, malgré que Tribout, délégué mineur réformiste de Sainte-Marie soit allé racoler des Polonais.   Auberchicourt est un centre où domine le fameux Tribout, ce, qui explique que le nombre des grévistes ne soit pas plus fort que samedi. A la fosse Sébastopol, tout le  monde est cependant resté dehors. 
 Nous arrivons à Aniche. Un tour à la coopérative où un camarade nous dit que l'esprit est resté excellent. Un tour à la maison des verriers, puis au siège du syndicat des mineurs où nous  trouvons un paquet de camarades : 
— Alors ? 
—C'est bien.. C'est bien, ici ça se maintient. 

Une manifestation à Somain 

Maintenant filons à toute vapeur, sur Somain, où une réunion est organisée pour 10. h. 30. Place de l'Eglise, des groupes attendent autour d'un vaste baraquement. C'est le lieu de la réunion. Une salle archi-bondée. De 1.500 à 2.000 per sonnes. Pistons et trombones jouent' l' Internationale, reprise au refrain par tous, puis la parole est à Lauridan qui, en quelques mots, met les mineurs de Somain au courant de la situation. Lauridan dénonce , avec force la trahison des chefs réformistes qui sont hués comme il convient. 
  Les camarades, polonais, algériens, italiens, espagnols sont acclamés, puis on décide de se rendre en cortège à , Escaudain, fief de Rossy, centre réformiste du bassin d'Anzin. Une nouvelle Internationale et en route. 
 C'est une  impressionnante colonne qui s'ébranle, musique en tête. Les drapeaux  sont vaillamment portés par de gentilles camarades. Tout du long, l'Internationale retentit, scandée de : « Vive... vive... vive la grève ! ■» » Bou... bou... bou... ié ié ! » (cri de grève des mineurs du Nord). 
  Lauridan s'en va à Vred et dans tous les coins du bassin de l'Escarpelle. Je  prends le train pour Denain, où on me renseignera exactement sur la situation du bassin d'Anzin. Le train arrive à Escaudain quelques minutes après le passage des manifestants. Tout le monde en cause. Rossy a été copieusement conspué. Quelques jaunes furent obligés de se mettre en tête du cortège. A Denain, la première question : 
— Que devient la grève"? 
— On pensait qu'elle flancherait, me dit un camarade de la fosse Cambacht, la fosse rouge du bassin. On se trompait, puisque aujourd'hui, non seulement le nombre des grévistes de samedi s'est maintenu, mais il serait sensiblement augmenté. Je vois Moniez, trésorier du syndicat, en compagnie de Viel, délégué de la C.G.T.U.: situation satisfaisante, me dit-il. 
  A Sin-le-Noble, fief de Quintin, toujours chômage complet à la fosse NotreDame. 
  A Frais-Marais, le front unique a continué. Le secrétaire réformiste, au contraire de ses collègues du bassin, a empêché des ouvriers de se rendre à la fosse,    On signale qu'aux abords de la fosse du bassin de I'Escarpelle, les gendarmes ont chargé sabre au clair sur la foule des  grévistes, sans réussir à disperser nos camarades. A De sessevale (Somain), pendant l'absence des mineurs qui manifestaient, les gendarmes auraient également chargé sur les femmes qui étaient venues surveiller l'abord, des fosses. Mais il est trop tard pour que je puisse vérifier. En résumé, situation excellente. Aujourd'hui les mineurs unitaires du bassin du Nord et d'Anzin, ont administré aux Compagnies la preuve qu'ils savaient défendre leur pain. Demain, ils continueront, disciplinés, solidaires. et enthousiastes, pour obtenir leurs trente sous— M. Chambelland,

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