Guesnain

Guesnain

jeudi 2 avril 2020

grève des mineurs dans le Nord et à Guesnain, un article paru dans le Réveil du Nord du 29 octobre 1902














Bassin du Nord 

Tout reste calme et le chômage ne diminue point sensiblement dans l’arrondissement de Douai, en dépit du racolage des Compagnies. Partout, à l'EscarpelIe même où, jusqu’à présent la Compagnie avait à peine donné signe de vie, partout des agents parcourent les corons, s’adressent à chaque porte et déclarent aux ouvriers qu'il n’y a plus de raison à présent pour continuer la grève, la question devant être tranchée par le gouvernement. Mais les mineurs ne s'y laissent point prendre, comprenant trop bien que le seul moyen de tirer bénéfice de leur chômage déjà long, c’est de le prolonger quelques jours encore ,c’est-à-dire pendant la durée des négociations. 

A WAZIERS 

Lundi matin, environ huit cents grévistes, dont un certain nombre venus du Pas-de-Calais, se sont donné rendez-vous devant la fosse Gayant, à Waziers, pour dissuader quelques irrésolus de reprendre le travail. On conviendra que puisqu’on laisse, depuis quelques jours, les porions racoler les ouvriers dans les corons, par intimidation, il n’est que juste de permettre aux grévistes de se masser devant les fosses pour essayer de contrebalancer, dans la mesure de leur possible, l’influence des agents des compagnies et de rappeler leurs camarades au sentiment de leur propre dignité. Le spectacle d'hier matin a prouvé une fois de plus qu'il n’est point besoin de recourir à la violence, ni aux injures pour arriver à ce résultat. Il a suffi que les grévistes fussent rassemblés en nombre imposant pour qu’aussitôt les quelques mineurs qui se disposaient à descendre vinssent se mêler à eux. Il n’y a eu, en tout et pour tout, qu’une dizaine de descentes. Et pas le moindre incident regrettable ne s’est produit. 

A GUESNAIN 

Vers six heures du matin, heure de la descente, deux-cents grévistes se trouvaient aux abords de la fosse Saint-René. Sans doute craignait-on à la direction, quelque chambardement, car toutes les troupes, artilleurs venus de Douai, cuirassiers cantonnés à Dechy et à Sin, plus un certain nombre de gendarmes. avaient été concentrées, pendant la nuit, à la fosse de Guesnain. En sorte qu’il y avait plus de soldats et de gendarmes que de manifestants, si toutefois les grévistes pouvaient mériter ce titre. Cette fois, d'ailleurs, la route nationale était barrée, de chaque côté de la fosse, sur une distance de cent mètres, par la troupe, en sorte que nul ne pouvait en approcher. Bien plus, le passage à niveau de la route qui descend dans le village et même aux « Corons sans-Beurre » était gardé par un détachement d'artilleurs dont la consigne était de ne laisser passer aucun gréviste muni de canne et de bâton. Il paraît que cet accessoire est spécialement réservé aux porions, car ces derniers, notamment le sieur Maroquin, enfreignaient à chaque instant la consigne, leurs énormes triques à la main. 

CHEFS ET SOLDATS 


Le croirait-on, c'est des grévistes qu’il s’agit, et nullement de la troupe. Voici l'histoire : Vers sept heures du matin, le citoyen Ch.-Louis Quintin causait avec le citoyen Watrin, cabaretier, ex-délégué mineur, sur le seuil de son estaminet, situé près de la fosse Saint-René, lorsque le porion Maroquin, passant devant eux et croisant un groupe de soldats, cria à ces derniers : « Allez, vos chefs sont bien dignes de soldats comme vous ! » Les mineurs, très calmes, répliquèrent qu’ils n’avaient point de chefs ; sur quoi, Maroquin leur désigna les citoyens Watrin et Quintin en disant : « Tenez, les voilà vos chefs ! » Inutile d'ajouter que le digne homme en fut pour ses frais de provocation. Tout le monde se contenta de lui rire au nez. Décidément, M. Maroquin fraternise tellement avec l'armée depuis quelque temps, qu’il voit des chefs et des soldats partout. Que deviendra-t-il après la grève ? Il est capable de reprendre du service, si tant est qu'il en ait jamais pris, 


A COURCELLES 

Il paraît que le délégué mineur Pantignv, de la fosse de Courcelles-lez-Lens, proteste auprès d’un de nos confrères, au sujet de quelques lignes le concernant parues dans le Réveil du Nord, dès le début de la grève à l'EscarpelIe, il y a de cela cinq semaines. Vraiment il a fallu du temps à ce domestique de la direction pour méditer sa réponse. Cela tient sans doute à ce qu'il ne lit jamais le Réveil et qu’on a dû lui mettre, mais un peu tard l’article sous les yeux. 

A SOMAIN 
CONFERENCE RASSEL 

Dimanche a eu lieu, au salon Leduc-Corseau, à sept heures du soir, la réunion annoncée. Plus de 600 auditeurs, hommes et femmes sont présents. Pendant une heure, le citoyen Rassel fait comprendre aux assistants que, puisqu'il existe deux classes distinctes, les ouvriers ne pourront être affranchis tant qu'ils seront gouvernés par des bourgeois, à quelque parti qu’ils appartiennent. Il engage tous les mineurs à adhérer au syndicat et à persévérer dans le calme et le sang-froid qu'ils se sont imposés jusqu'à présent. Les citoyens Gahide et Debeaussart prennent ensuite la parole, puis le président met aux voix un ordre du jour acclamant la grève qui est adopté à l'unanimité. La sortie s'est ensuite effectuée dans le plus grand calme et une collecte faite au profit des grévistes a produit 3 fr. 60 qui ont été remis aux intéressés.


Réunions et Conférences 
Dans le Nord 
MARDI 28 OCTOBRE 

A DECHY. à 5 heures du soir. Orateurs : GONIAUX, DEFONTAINE et Maurice MONIER. 
A MONCHECOURT. salle Baudin, à 6 heures 1/2 Orateur : Maurice MONIER. 
A LOURCHES, à 6 heures. Orateur : GONIAUX. 

MERCREDI 28 OCTOBRE 


A SOMAIN, à 6 heures 1/2. Orateur : Maurice MONIER. 
A BRUAY, salon Podevin, à 5 heures du soir. Orateur : MENU. 

JEUDI 30 OCTOBRE 

A HERGNIES. salon Leclerc, à 6 heures du soir. Orateur : TABARY. 
A ANICHE, A sept heures du soir. Orateur : Maurice MONIER. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire