Guesnain

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vendredi 6 novembre 2020

Grève des mineurs à la fosse Saint-René "Ils ont pris la Bastille" 1906_03_20_Le_Reveil_du_Nord

 





BASSIN DU NORD COUP D'OEIL GENERAL 

Importante réunion syndicale à Dorignies. — Discours de Quintin et de Goniaux. — Vote d’un ordre du jour de confiance, — Réunions à Leforest, à Courcelles et à Sin-le-Noble


Bravant les giboulées de mars, la grêle, la pluie glaciale, la bise, deux mille mineurs s’étaient donné rendez-vous è DORIGNIES, pour assister à la conférence du citoyen Goniaux, secrétaire général du Syndicat des Mineurs du Nord, qui les avait convoqués pour leur rendre compte des résultats de la réunion à Paris de la commission mixte. Il y a là, 1500 travailleurs de « L’Escarpelle », d’autres sont venus d’Aniche, de Sin-leNoble ; beaucoup de femmes aussi assistent à la réunion. Elle avait été annoncée pour midi, mais Goniaux retenu à Leforest plus longtemps qu’il ne l'avait prévu, n’arrive qu’à une heure et demie. Aucune manifestation d’impatience pendant cette longue attente ; on s'entretient de la grève, de son extension ; on cite quelques chiffres : à Flines-lez-Râches, il y a eu au numéro 1 neuf descentes et dix-sept au numéro 2 ; à Notre-Dame, trente descentes, dix à la fosse Desjardin et vingt à Gayant. A Guesnain les camarades « ont pris la Bastille », c’est à-dire qu’ils ont persuadé les mineurs de celte fosse de se solidariser avec eux ; mais las ingénieurs et les porions se sont rendus au domicile des ouvriers pour leur annoncer qu'ils préparaient une coup pour deux heures. Il n’y aurait rien de surprenant si la Bastille était prise une seconde fois, et fL cette nuit, dans bien des corons on buvait la « bistouille" longtemps avant que se lève l’aurore. Il y a là-bas, un Marocain qui vaut l'Orang-Outang des Brebis de Bully-Grenay. Les gendarmes lui ont toutefois administré une douche qui peut-être lui sera salutaire. « Marocain, lui ont-ils dit, si vous continuez à porter atteinte à la liberté de la grève chez vos mineurs, nous n'irons pas sans doute jusqu’à vous arrêter et vous conduire menottes aux mains en prison, mais, nous vous laisserons vous débrouiller seul avec vos ouvriers, sans intervenir aucunement, vous laissant toute la responsabilité de ce qui pourrait vous arriver. Le Marocain doit réfléchir ! que les temps sont donc changés ! Il me semble que MM. les ingénieurs feront bien, eux aussi, de se cantonner dans les limites de tours attributions. L'impression générale qui se dégage de foutes les conversations auxquelles je me mêle, c’est que jes mineurs désirent par dessus tout, l’incorporation de la prime dans le salaire ; ils protestent contre cette décomposition du salaire en 4 fr. 80 ou tout autre chiffre, plus tant pour cent. Plus de primes ! un salaire fixe ! Toujours tes Compagnies, tant qu’il y aura des primes, s’arrogeront le droit de les réduire, tout en laissant croire qu’elles n’abaissent pas nos salaires. Celle question tient très au cœur des mineurs de l'Escarpelle. Ils protestent encore très vivement contre les longues-coupes. Sans doute, disent-ils. la Compagnie n’oblige pas de faire douze heures, mais elle prévient l’ouvrier que s’il ne consent pas à le faire, on le remplacera. Contre tant d’inconvénients au point de vue de la «santé du travailleur, du chômage des bras qui attendent un labeur, des stocks qui montent, il en résulte aussi que si le mineur qui travaille douze heures reçoit un salaire de 9 francs, la Compagnie l’inscrit comme salaire normal et fait monter ainsi artificiellement, sa moyenne. 


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